Les Aiglons sortent les griffes

Comment expliquer la formidable série niçoise ? Victorieux de ses quatre derniers matches, l'OGC Nice est même sortie d'une zone de relégation qu'il fréquentait assidûment depuis la 19e journée. D'une situation de crise quasi institutionnelle avec le vrai-faux départ de son président, les Aiglons connaissent aujourd'hui un bonheur sans nuage. Jusqu'où iront-ils ?

On les croyait perdu. Entre la 12e et la 22e journée, les Aiglons ont aligné une impressionnante série de 7 matches nuls et de 4 défaites soit 7 points pris sur 33 possibles. La bande de Frédéric Antonetti était au plus mal et plus rien, pensait-on, ne pourrait la faire sortir de ce mauvais. On se trompait lourdement.

Un mercato simple mais efficace.

Il est là pour faire des ajustements et permettre à des joueurs en manque de temps de jeu de se relancer sans devoir attendre la fin de saison. Cet hiver, le mercato hivernal a parfaitement été utilisé par l'OGC Nice. Aucun bouleversement d'effectif mais l'arrivée d'un joueur précieux, tant sur le terrain qu'en dehors. A 35 ans, Lilian Laslandes, en manque de temps de jeu du côté de Bordeaux,a voulu s'offrir un dernier défi dans un club qu'il apprécie. Déjà acteur du stade du Ray en 2003/2004 (10 buts en 33 matches), le grand blond aux deux chaussures noires n'avaient laissé que de bons souvenirs sur la Côte d'Azur. A la recherche d'un attaquant pour pallier au manque d'efficacité chronique de Matt Moussilou, transfert le plus cher de l'histoire du club et incapable de marquer le moindre but en 19 matches, Frédéric Antonetti n'a pas cherché bien longtemps. Plutôt que de tout miser sur un hypothétique attaquant étranger, l'ancien technicien bastais décidait de ramener au bercail le deuxième meilleur buteur de Ligue 1 en activité avec 123 buts. En 7 matches, Laslandes a déjà trouvé deux fois le chemin des filets. Mieux, il bonifie ses partenaires dont un petit attaquant qui fait plus que jamais parlé de lui ces dernières semaines.

Koné revit

Arrivé à Nice lors de la saison 2005/2006 avec l'étiquette de meilleur buteur (24 but) et de meilleur joueur de la Ligue 2 sous les couleurs lorientaises, Bakary Koné n'aura pas répondu à toutes les attentes placés en lui l'année dernière. Avec 7 buts seulement, on était loin des ambitions des dirigeant niçois au moment de la signature de ce joueur petit pas la taille (1m63) mais grand par le talent. Mais Baky a de la ressource et entendait bien le prouver lors de sa deuxième année niçoise. Las, sa première partie de saison repartait sur les mêmes bases que la précédente avec seulement deux buts marqués. Hasard ou coïncidence, le départ de Moussilou et l'arrivée de Lililan Laslandes allait permettre à la flèche ivoirienne d'exprimer enfin tout son potentiel. Avec 5 buts marqués entre la 19 et la 26e journée, Baky est non seulement devenu le meilleur buteur du club mais aussi le meilleur passeur. Autant dire que Nice découvre enfin le vrai visage de son attaquant. Une bien bonne nouvelle qui explique en partie le spectaculaire redressement azuréen.

Cohen part...puis revient

Le microcosme du football en avait même été ému. Poussé dans ses derniers retranchement par Marcel Governatori et Franck Guidicelli , les actionnaires principaux du club, Maurice Cohen, président de l'OGC Nice apprécié des supporters, était contraint de démissionner. Raison invoquée : un désaccord sur la politique du club. Cohen évoque une autre raison : "pense que Franck Guidicelli sera un bon président et je lui souhaite bonne chance. Je n'ai donc rien contre lui, ce n'est pas la même chose pour Marcel Governatori qui souhaitait ma tête depuis plus de neuf mois [car] je lui ai refusé la tête d'André Bloch (NDLR, le directeur de la sécurité) pour mettre un de ses amis à sa place. Et parce que j'ai refusé aussi la tête de Roger Ricort (NDLR, le directeur sportif). Dans ma vie, j'ai toujours respecté ce que je pensais : être juste et droit" expliquait alors un désormais ex-président niçois meurtri de devoir quitter son club en plein marasme sportif. Retournement de situation trois jours plus tard : Cohen récupérait sa place, charge à lui de s'occuper de la politique globale du club, Guidicelli s'occupant du domaine sportif. Une crise furtive donc mais qui a eu le mérite de mettre les joueurs devant leur responsabilité. Voyant leur club partir à vau-l'eau, les Aiglons ont ressorti les griffes et quelques jours après "l'affaire", il ramenait un point plus qu'inespéré de leur déplacement chez le leader lyonnais (1-1). On jouait alors la 22e journée et depuis, Nice a gagné tous ses matches ! Comme quoi le pire peut amener le meilleur. Samedi soir, Nice a battu une équipe de Lille qui avait malmené Manchester United quelques jours plus tôt. Les Aiglons sont aujourd'hui 16e du classement. « Ce résultat est bon pour la suite. Cela veut dire qu'on ne lâchera rien. » On croit Frédéric Antonetti sur parole !

Benjamin BONNEAU
Football.fr