Presse :
Patrick Barul en garde à vue
Le Parisien, le 17/01/2003 à 11h39
Affaire Le footballeur professionnel payait la planque du truand
APRÈS avoir joué mercredi les deux dernières minutes du match Montpellier - Nice, Patrick Barul, âgé de 24 ans, a fêté le retour à la première place de Ligue 1 de l'équipe azuréenne. Hier matin, à peine rentré de Montpellier, le défenseur de l'OGC Nice a vite déchanté. Les policiers de l'Office central pour la répression du banditisme (OCRB) l'ont interpellé à son domicile. Il a été placé en garde à vue dans les locaux de la PJ de Nice, dans le cadre de deux enquêtes, instruites à Bastia (Haute-Corse) et Evry (Essonne), visant des figures du grand banditisme, Joseph Menconi et Antonio Ferrara. Le premier, proche de la bande de la Brise de Mer, arrêté le 3 janvier, est impliqué dans des affaires d'escroquerie, braquages et assassinats. Le second, originaire de la région parisienne, interpellé en juillet 2002, est considéré comme un braqueur spécialiste des explosifs.
Patrick Barul connaît Joseph Menconi
Les enquêteurs cherchent à déterminer dans quelles conditions le joueur professionnel, qui a successivement évolué à l'AS Cannes puis au RC Lens, a mis à « disposition » un appartement de standing, situé à Rocquencourt (Yvelines), à Joseph Menconi. L'OCRB avait réussi à trouver au début de janvier la planque de Menconi, en fuite son évasion de la maison d'arrêt de Borgo (Haute-Corse) en 1998, grâce à un jeu de clés retrouvé dans l'appartement de Ferrara à Athis-Mons. Patrick Barul, sous contrat avec le RC Lens, mais prêté à l'OGC Nice, payait depuis juin 2000 le loyer de 1 500 € de l'appartement de cinq pièces dans lequel Menconi, recherché par toutes les polices de France, s'était installé avec son épouse. Comment un joueur de foot a-t-il été amené à prêter ses clés à un homme considéré comme l'un des plus dangereux malfaiteurs en circulation ? Barul connaissait-il la « qualité » de son sulfureux locataire ? A-t-il été rétribué pour ses « services » ? L'enquête a d'ores et déjà permis d'établir que les deux hommes se connaissaient et avaient eu quelques contacts téléphoniques. Cependant, Barul, inconnu des services de police, ne présente pas, a priori, le profil d'un homme lié au grand banditisme. Les policiers s'efforcent donc de déterminer le réseau de soutien de Menconi, qui leur a échappé pendant plus de quatre ans. Cette enquête démontre que des passerelles existent entre le milieu corse et les « gros » voyous de la région parisienne. Va-t-elle mettre en lumière des contacts entre le milieu du ballon rond et celui des truands, comme cela s'est vu dans d'autres affaires ? « C'est trop tôt pour le dire, souligne une source proche du dossier. Nous cherchons à comprendre. » Sur le plan sportif, Patrick Barul, qui a très peu joué au RC Lens, avait connu un début de carrière prometteur à l'AS Cannes. Plus habitué aux pelouses qu'aux cellules de garde à vue, il a quarante-huit heures pour s'expliquer sur ces liaisons « dangereuses ».
Christophe Dubois
Le Parisien, vendredi 17 janvier 2003
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