Presse :
Une journée avec José Cobos
Nice-Matin, le 19/01/2003 à 13h14
35 ans en avril prochain, le capitaine de l'OGCN soigne la récupération, lui qui s'entraine comme il joue : en compétiteur né, donnant le maximum. Mélange de rigueur alsacienne et de fougue andalouse
De ses racines andalouses, - sa famille est originaire d'Algésiras et ses parents sont nés à Tétouan, alors situé au Maroc espagnol, - il tient sa fougue, sa flamme, sa fantaisie. Mais il a grandi à Strasbourg et la rigueur alsacienne coule dans ses veines.
Tout pour faire le capitaine qu'il fallait à l'OGCN d'aujourd'hui. Et sur le terrain, le boss, c'est Cobos. Montrant la voie, respecté de ses coéquipiers, adoré du public, revenu au top après une opération des ligaments croisés d'un genou en janvier 2001. A bientôt 35 ans (1)...
La « grinta » du Neuhoff...
Debout à 8 h 30, - « je ne suis pas un lève-tôt et veux profiter au maximum des temps de récupération » -, son premier geste est d'ouvrir les volets de sa chambre. « Je vois la mer, le panorama est magnifique, ça m'aide à me réveiller ». Des corn-flakes arrosés de lait et de miel, un expresso Illy et il regarde LCI et « L'Equipe TV » pour « s'informer rapidement », ou les chaines musicales MTV et MCM.
Au volant de sa Jaguar, il descend des collines niçoises. Dés son arrivée au Parc des Sports, il monte dans les bureaux du siège du club prendre deux ou trois cafés avec Pitau. « Pancho Gonzales nous appelle les « cafetiers ». A 9 heures 30, il est dans les vestiaires, appréciant l'ambiance qui y règne. « Elle est fraiche, jeune, dégage de l'énergie, de la spontanéité. Nous formons un vrai noyau et cela me rappelle mes quatre saisons à Paris. Je rentre dans le jeu des jeunes qui débutent chez les pros. Je ne veux pas que l'on sente la différence d'âge ».
Un massage et l'entraînement commence. Cobos le vit comme il joue : en compétiteur né. « J'essaye d'être au maximum, de gagner les duels. Je déteste perdre et avec l'âge, ça ne s'arrange pas... ». Cette combativité, il emploie le mot si évocateur de « grinta », lui vient de sa jeunesse strasbourgeoise. S'il habitait au centre ville, ce fils d'un contremaître d'une usine de plafonniers pour voitures, jouait au Neuhoff, le club du quartier le plus difficile de la ville. « Le manager était Paco Matéo, une figure du foot local, champion de France amateurs avec les Pierrots de Strasbourg. Et dans l'équipe il y avait beaucoup d'Espagnols comme lui. Le Neuhoff, ça m'a forgé le tempérament ! »
Les farcis de « Mémé Yoyo »
L'entrainement terminé, il prend un sauna sauf à l'approche des matchs. Une séance de vingt minutes pendant laquelle il effectue des étirements, se rase, boit un litre et demi d'eau. « J'ai toujours été un adepte du sauna : ça élimine les toxines, les acides. A Paris, je le prenais avec Bats et Luc Borelli. Et nous avions toujours notre minute de folie : nous jetions la moitié d'un seau sur les pierres et c'était à qui allait tenir le plus longtemps dans l'étuve. Un petit délire pas raisonnable... »
Si un second entraînement est prévu l'après-midi, il remonte déjeuner chez lui en compagnie de son épouse Stéphanie. « Je mange un plat de pâtes, des spaghetti ou des penne, avec du parmesan. Parfois nous nous retrouvons à la Pignata. J'adore les farcis de « Mémé Yoyo »... »
Quand José n'a pas à retourner au stade, les Cobos vont déjeuner en ville. Au « Scotch Tea House », au « Safari », chez « Rolando », au « Milo's » ou « Chez Hugo », le restaurant, géré par un copain espagnol, de l'hôtel Splendid. Ils prennent aussi la route de Cannes, direction le « Palm Square », l'ancien « Planet Hollywood » dont il est l'un des quatre actionnaires. « Je regarde comment l'affaire tourne, assure un peu de relations publiques, mange un risotto aux scampis ». De retour chez lui, il fait une sieste de deux heures. « J'ai pris cette habitude quand je jouais à l'Espanyol de Barcelone. Nous mangions à 15 heures, attaquions la sieste à 17.... »
En fin d'après midi, il reste à la maison, téléphone à sa famille, ses amis. Deux fois par semaine, il se rend aux Thermes de Monte-Carlo pour une séance de facia-thérapie avec Patrick Provost. « Toucher la boite crânienne et des points pulsiologiques permet aux muscles de s'auto régénérer. ça enlève le stress, c'est bon pour la récupération ».
« Je vis en harmonie »
A 17 heures 30, ses enfants, Jordan, dix ans, et Fiona, cinq ans, rentrent de l'école. « Je ne les vois pas assez par manque de temps. Cette saison, je n'ai pas encore pu aller jouer au golf alors que j'adore ça. Capable du meilleur comme du pire, je joue entre 0 et 60, les spécialistes comprendront ». Même si Jordan est attaquant dans l'équipe benjamins du Gym, - « la technique, la vista, il a des qualités que je n'avais pas à son âge, moi qui basais tout sur l'agressivité » -, les Cobos évitent de parler foot au cours du diner en famille. Et José ne mange jamais des féculents avec de la viande, des glucides avec des lipides. Pendant une cure à dans la fameuse clinique du Dr Henri Chenot à Merano, à la frontière italo-autrichienne, il a compris les bases de la diététique. « Après mes six mois à Toulouse, j'avais neuf kilos en trop. Je les ai perdus en quatre semaines. Depuis je n'en ai pas repris un... ».
Le soir, il regarde la télé, - « j'apprécie les émissions de Marc-Olivier Fogiel et Thierry Ardisson » -, ou écoute de la musique. Avec un bel éclectisme : Tchaikovski, Pavarotti, Deep Purple, Otis Reding, Aretha Franklin, Luis Miguel, « un Mexicain à la Julio Iglesias mais plus rythmé ». Le lundi soir, les Cobos descendent au Pathé Lingostière. « Le cinéma, le grand écran, c'est pour m'évader, pas me prendre la tête. Je ne rate pas un James Bond, je suis allé voir Harry Potter, le dernier Seigneur des anneaux... »
Jamais couché avant minuit, - « si j'ai besoin de bien me reposer, il ne me faut pas beaucoup de sommeil » -, José vous dira qu'il dort « comme un gros bébé ». Heureux de constater : « Je vis en harmonie, je suis épanoui ».
1. José Cobos aura 35 ans le 23 avril prochain. Il dispute sa quinzième saison chez les pros.
"Je crois aux belles histoires"
Début aout. L'OGCN vient de rater ses débuts en Ligue 1. Personne n'est rassuré. Mais trois jours après la défaite 2-1 au Ray face à un autre promu, Le Havre, José Cobos dit au kiné Bruno Mignante : « Tu verras, nous allons réussir une grosse saison ! ».
Aujourd'hui, vingt et un matchs plus tard, l'OGCN est leader après avoir occupé cette place douze journées. Et le capitaine explique sa certitude d'alors : « A l'intersaison, je me disais : si on nous réintègre en Ligue 1, il y aura une réaction générale, l'union sacrée. Je suis un intuitif, je sens les choses... »
Avec Paris SG, il a disputé trois demi-finales européennes dont une de Ligue des Champions, remporté la Coupe des Coupes, été champion de France, gagné la Coupe de la Ligue...
Mais, avec ce Nice sorti de l'enfer, il ressent de nouvelles sensations fortes. « Dans le foot français, ces dernières années, il n'y a pas eu de belles histoires comme la nôtre. Elle me fait penser à celle du Danemark en 1992 : repêché après les éliminatoires, il avait remporté l'Euro en Suède ! »
Le parcours rouge et noir ne l'étonne pas, - « le groupe est de qualité, sérieux dans le travail, discipliné » -, et il se dit « fier » d'être à Nice. « Parce que l'équipe a une identité, donne de la joie aux Niçois. Quand nous rentrons sur le terrain et que nous entendons le public chanter Nissa La Bella, - à Montpellier, nos 500 supporters l'ont entonné aussi -, c'est la reconnaissance de ce que nous leur apportons. Et nous sommes également à l'honneur quand Ricardo, mon ancien coéquipier à PSG, dit après avoir obtenu au Brésil des bons résultats comme entraineur de Juventude : « Nous sommes l'OGCN brésilien ».
Sur un plan personnel, il goute le respect qu'il inspire. « La crédibilité, tu ne l'as que si tu donnes le meilleur de toi-même. L'équipe tourne, j'ai retrouvé un bon niveau alors les jeunes posent sur moi un regard nouveau. Dans l'esprit des gamins de dix ans, j'ai toujours joué à Nice... »
« L'équipe s'est forgée une forte personnalité »
PSG arrive mais il n'a pas peur. « La motivation sera là et nous avons bien rivalisé avec les grosses cylindrées ».
S'il est « fier de recevoir les Parisiens en leader », il pense surtout aux trois points. « La différence de moyens entre les deux clubs ? Nous n'y songeons pas. Jouer dans un stade plein, et gagner, voilà ce qui nous intéresse. Nous avons la chance de travailler dans la sérénité, en ne nous occupant que du terrain ».
Quel Paris verra t'on mercredi ? « Je ne sais pas ce que Luis prépare. A Ajaccio, il avait tout basé sur la défense, point fort de son équipe ».
Mais il ne veut pas focaliser sur l'adversaire. « Ne sortons pas de nos fondamentaux : solidité, motivation, rigueur. Tous nos résultats, nous les provoquons. A elle seule la qualité de notre jeu ne suffit pas. On l'a vu à Bordeaux où nous avons manqué d'agressivité. Nous nous devons de faire un peu plus que les autres même s'il nous arrive dans un match d'avoir de très bonnes périodes de jeu. Heureusement l'équipe s'est forgée une forte personnalité, elle a du caractère ».
Comment ne pas lui poser « la » question : à quel rang l'OGCN finira t'il.
L'intuitif se met en veilleuse : « Il y a une grande différence entre l'objectif, à savoir le maintien et le rêve qui est ce que nous voulons apporter aux gens qui viennent nous voir. ». Pas de pronostic mais il répète : « Je crois aux belles histoires. Et nous ferons tout pour qu'elle se termine bien et que nous nous en souvenions toute notre vie ».
Jean CHAUSSIER
Dimanche 19 janvier 2003
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