Décisif à Strasbourg samedi, le Brésilien de Nice est en train de franchir un cap décisif.
HIER, À L’ISSUE de l’entraînement servant de décrassage après la victoire des Niçois à Strasbourg (1-0), Ederson est rapidement rentré chez lui. Il s’est aussitôt connecté sur Internet et il a communiqué une bonne partie de l’après-midi avec sa famille. « J’ai eu mon père, ma mère, mon frère, explique-t-il. Ilsm’ont d’abord souhaité un bon anniversaire mais on a surtout parlé de mon but à Strasbourg et ils m’ont félicité. Ils l’avaient vu sur le site du club. »
Un but comme un joli cadeau que le jeune Brésilien s’est fait à lui-même pour ses vingt-deux ans. Un but superbe aussi, comme presque tous ceux que marque le meneur de jeu du Gym. « On avait travaillé les déplacements dans la semaine avec le coach, révèle-t-il. J’ai donc cherché à m’excentrer puis, en possession du ballon, j’ai passé deux Strasbourgeois avant de frapper fort du droit. J’ai eu pas mal de réussite sur ce coup. » La réussite qui lui avait manqué un peu plus tôt, dans le premier quart d’heure de la rencontre, dans deux duels perdus contre Cassard, lesquels auraient pu offrir un succès plus facile aux Niçois, désormais 5es du classement, et un triplé à Ederson. « Je pense avoir bien joué le coup mais il y avait un super gardien, juge le Brésilien. J’aurais peut-être pu frapper plus fort. J’aurais même dû car les services de Lilian (Laslandes) étaient parfaits. Lui, il me régale et il fait du bien à tout le monde. Sur le terrain et en dehors. »
Le Brésilien parle en termes élogieux de l’ancien Bordelais mais c’est tout le groupe qu’il juge « absolument formidable » et qu’il estime à la base de son efficacité : « À la mi-temps, personne ne m’a tenu rigueur des deux buts ratés. Au contraire, tout le monde m’a dit dem’accrocher, de tenter des coups et m’a promis que ça allait venir. » Et ç’a fini par venir, au bout d’un gros mois de frustration.
Convoité par les grands d’Europe
Car ça fait un moment qu’Ederson tournait autour de son deuxième but en Championnat cette saison, après celui inscrit face à Toulouse (1-1) lors de la 5e journée. « J’aurais déjà dû marquer contre Bordeaux sans un arrêt de Ramé, à Lyon, où je tape la barre, contre Valenciennes et contre Le Havre aussi, recense-t-il. Je commençais à trouver le temps très long. » Cette réalisation est venue en point d’orgue à un match remarquablement maîtrisé par le jeune joueur de l’OGCN, un de ses meilleurs matches à coup sûr sous le maillot rouge et noir car il a été constant d’un bout à l’autre de la rencontre, ce qui n’est pas toujours le cas. Elle met aussi en évidence la relative rareté de ses buts : 11 en 74 matches. « J’en suis conscient, dit-il. J’ai parlé avec le coach la semaine dernière. Il m’a dit que je faisais de bons matches avec de bons contenus mais que je devais marquer davantage pour valoriser mes performances. »
C’est le dernier palier pour le Brésilien, dont Frédéric Antonetti pense qu’il est actuellement « en train d’éclater au plus haut niveau ». Celui qui le sépare d’un club de Ligue des champions, que, toujours selon son entraîneur,« il rejoindra très vite, car il a indéniablement le niveau ». Sans doute même dès la saison prochaine, vu l’intérêt qu’il suscite un peu partout en Europe. Les observateurs des grands clubs comme Arsenal, Chelsea, Valence, l’Inter, la Juventus sont devenus des abonnés du stade du Ray et la Juve avait même dépêché un émissaire à Strasbourg. Qui a dû être convaincu que débourser 11 millions d’euros (montant de la clause de cession) pour un tel joueur est une sacrée bonne affaire.
Jean-Pierre RIVAIS
L'Equipe