Nice : un Paris pour rêver

Dans son stade à guichets fermés, l'OGCN au complet, va tenter de gravir face à un PSG encore bien vivant une nouvelle marche importante de son incroyable ascension

C'est le monde à l'envers. A l'aube de cette 23e journée, six points séparent l'OGC Nice du PSG, en faveur des Aiglons. Deux clubs aux antipodes, en terme de budget : 15 millions d'euros pour l'OGCN, 78 pour le club de la capitale. A tous les aigris et les écœurés du foot business, l'OGCN a prouvé qu'il était encore possible d'écrire de belles histoires, fraiches, spontanées, et inattendues. En un mot, incroyables...

Pour en arriver là (recevoir Paris pour rester leader, dans un stade à guichets fermés), que d'énergie dépensée, d'exploits réalisés, de bravoure déployée. Et voilà qu'il faut remettre ça. En plus fort. Après la surprise, puis la confirmation, il est demandé au promu de repousser la réplique revancharde des « gros bras ». Comme si c'était normal, aujourd'hui, de voir Nice empêcher le PSG de sauver sa saison. Un tableau à la fois insensé et logique. Logique : personne n'ose plus formuler le moindre doute sur les facultés de cette escouade conduite par Gernot Rohr. Insensé : ne risque-t-on pas, à la fin, de voir le promu crouler sous les responsabilités ?

Le plus étonnant, et le plus rassurant, c'est peut-être de constater la sérénité avec laquelle les Aiglons abordent ce sommet. Hier, avant le dernier entrainement à Charles-Ehrmann, sous le ciel chagrin, il n'y avait pas le moindre signe trahissant la fébrilité. Cherrad et Cobos glissaient tranquillement une pièce dans la machine à café, Cédric Mionnet apprenait avec le sourire qu'il était qualifié (le président Cohen a fait le nécessaire), Pitau plaisantait comme d'habitude avec le personnel, Pamarot et les autres répondaient aux questions des télés avec le naturel et la disponibilité qui ne les ont jamais quittés depuis les combats obscurs de Ligue 2. Le terrain étant gorgé d'eau, la séance s'est déroulée sur un petit carré de pelouse, miraculeusement préservé.

A l'heure dite, Gernot Rohr pouvait annoncer son groupe. Le coach a emmené 18 joueurs au vert. Nulle surprise : l'équipe sera identique à celle du dernier voyage à Montpellier. Seul changement, Varrault (qui a purgé ses trois matches de suspension) retrouve son poste de latéral gauche, en balance avec Thibault Scotto. Cédric Mionnet, sur le banc, au début, va vivre sa première au Ray : « J'ai la chance de commencer par un grand match », dit-il. « A Nice, j'ai trouvé un groupe sain et heureux d'être ensemble. Tout ce que j'espérais ».

Everson contre Aloisio
Ruse de sioux ? Hier, depuis le camp des Loges, Luis Fernandez a rendu hommage aux Niçois. « On ne peut que les féliciter. Ils ont su faire un grand bond. On les attendait en National, ils sont aujourd'hui en tête de la Ligue 1. Les victoires appelant les victoires, ils sont en ce moment en pleine confiance. Ils peuvent jouer le titre ».

Privé de Ronaldinho, Cardetti et Paulo Cesar (convalescents), Jérôme Leroy (suspendu), le PSG récupère Fiorèse dans le groupe. Sa suspension pour simulation (3 matches après appel), ne prendra effet que lundi. C'est le règlement...

Décevant mais pas largué, avec ses 32 points, le PSG est toujours vivant. Fernandez compte sur l'orgueil des siens. « Ces derniers temps, l'équipe a retrouvé une certaine flamme. On est sur une bonne dynamique. On a envie de montrer que le PSG est reparti sur de bonnes bases », précise-t-il. « Face à Nice, nous devrons sortir le bleu de chauffe. On s'attend à subir un gros pressing, il faudra être généreux et solidaires. Mais la priorité, c'est de prendre des points. Un nul serait déjà positif. »

Un PSG fidèle au sang latino-africain : deux Argentins (Pochettino et Heinze), deux Brésiliens (Andre Luiz et Aloisio), un Espagnol (Cristobal), un Nigérien (Ogbeche) et un Ghanéen (Nyarko) devraient fouler le Ray dans le onze de Luis.

Depuis l'aller, José Aloisio, l'ancien stéphanois, est devenu le copain d'Everson. Pendant la semaine, les deux Brésiliens se sont entretenus au téléphone. Ils s'apprécient, mais vont défendre leur maillot avec la fierté qui les caractérise. Un clin d'œil à tous les supporters : le foot, le duel, mais pas la guerre.

François PATURLE.
Mercredi 22 Janvier 2003
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