Presse :
Nice-PSG : lamentable victoire du hooliganisme
Nice-Matin, le 23/01/2003 à 08h03
Six blessés dans les rangs des supporteurs dont un parisien sérieusement touché, un CRS atteint à la main, sept interpellations et deux personnes déférées au parquet de Nice : on est bien loin de l'esprit du sport
Kevin devrait se remettre de ses blessures. Ce Parisien de 22 ans a reçu un coup de couteau au flanc gauche, mercredi soir au Ray. Entendu hier par les enquêteurs du service d'investigation et de recherche, ce jeune homme domicilié à Vincennes n'aurait en fait pas grand-chose du supporteur de foot. De son propre aveu, « c'est pour la « castagne » » qu'il aurait fait le déplacement. Le foot, il s'en fout. Le match ne l'intéressait pas. D'ailleurs, il n'avait même pas de billet !
Comme Kevin, ils étaient apparemment près d'une centaine de Parisiens venus chercher l'affrontement. Les CRS qui tenaient la place Alexandre-Medecin ne s'y sont d'ailleurs pas trompés. Lorsque vers 20 h 15, à quelques minutes du coup d'envoi, une cinquantaine de ces hooligans se sont présentés à leur barrage, ils ne les ont pas laissés passer puisqu'ils n'avaient pas réservé leur place dans le stade.
Des couteaux et des pelles
Les pseudos fans du PSG se sont dispersés calmement avant, semble-t-il, de se regrouper un peu plus loin dans le quartier des Poètes. Le hooliganisme a manifestement ses stratèges. Car il fallait bien connaitre le quartier ou l'avoir préalablement repéré pour savoir que ces ruelles débouchaient sur la rue Ernest-Lairolle qui longe la tribune sud du Ray.
C'est notamment par la rue Guy-de-Maupassant et le boulevard Gorbella que les Parisiens ont littéralement fondus sur les Niçois... en contournant ainsi l'impressionnant dispositif de sécurité mis en place autour du stade. L'affrontement était alors devenu inévitable. Provoqués sur leur propre territoire, les supporteurs niçois, massés à la rotonde, ont fait front face à leurs assaillants.
Les agresseurs sont alors devenus les victimes. Loi du nombre oblige. Les affrontements ont été d'une extrême violence. Des témoins affirment avoir vu des armes blanches, mais aussi des pelles à neige ! La bagarre n'a duré que quelques minutes, le temps pour les CRS d'entrer dans la mêlée et de disperser, à grand renfort de gaz lacrymogènes, ces hordes déchainées.
Lamentable ! D'autant qu'à l'issue de ces heurts, on dénombrait six blessés dont un gravement touché, Kevin dont l'état était encore jugé préoccupant hier, mais qui, toutefois, est sorti de réanimation. Des fonctionnaires ont également essuyé des coups, l'un d'eux souffre d'une blessure à la main.
Sept interpellations
Un témoin de la bagarre, aux vêtements ensanglantés, a été interpellé peu après la bagarre et placé en garde à vue. Un autre Niçois, mineur celui-là , a subi le même sort mais pour de tout autres raisons. Il a été surpris alors qu'il tentait d'introduire des fumigènes dans les tribunes, cachés dans son sandwich.
Au total sept personnes ont été arrêtées mercredi soir, dont un Parisien bien connu des services de police pour des faits de violence qui devait finalement être déféré au parquet. Celui-là a été formellement identifié par les CRS comme étant le meneur d'une bande de supporteurs du PSG qui, après la fin de la rencontre, s'est lancé à l'assaut d'un bar se trouvant à proximité du stade.
Quelques minutes plus tôt, des supporters niçois et parisiens s'étaient envoyés d'une tribune à l'autre tout ce qu'ils avaient pu trouver : des galets jusqu'à , selon un témoin, des batteries de portable en passant par 90 sièges arrachés des gradins lors des dernières minutes de la rencontre par le cop du PSG. Pour des violences commises dans l'enceinte même du stade, un autre individu a été présenté au procureur de la République.
La police a veillé toute la nuit
Fort heureusement, le reste de la soirée a été plus calme. Les Niçois sont rentrés chez eux et les Parisiens dont le retour n'était prévu qu'au petit matin sont allés dormir à la gare ou à l'aéroport. Leur déplacement a été surveillé par des équipes de policiers qui sont restés mobilisés jusque vers 3 heures du matin.
Le dispositif semblait en effet à la hauteur de l'événement. Mais les quelque 300 policiers qui occupaient le terrain du Ray mercredi soir n'ont pas suffi à contenir les débordements d'individus qui pour le président du Gym, Maurice Cohen, « n'ont de supporteur que le nom » (lire par ailleurs). Difficile en effet d'endiguer ces hooligans qui, coute que coute, veulent en découdre.
Vendredi 24 Janvier 2003
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