Entre des Marseillais vexés et éliminés par Paris en coupe de France et des Niçois frais, dispos et requinqués par l'air vivifiant de l'ile des Embiez où ils sont en stage de préparation depuis deux jours, l'écart pourrait ne pas être énorme ce soir à l'occasion du match de gala décalé de la 24e journée.
Les deux dauphins de Lyon (même nombre de points pour les trois clubs, 39) vont abattre tous leurs atouts pour rester dans cette course au titre si prenante et si disputée et qui leur tend les bras depuis six mois.
Le gagnant marquera probablement plus que trois points : il pourrait prendre un avantage important voire décisif au cours de ce mois de janvier surchargé.
Si les Niçois boivent du petit lait alors qu'ils se retrouvent dans cette position aussi flatteuse aux deux tiers de la compétition, il n'en est pas de même pour les Marseillais. Les joueurs d'Alain Perrin ne se sont imposés qu'une place dans les cinq premiers dans leurs objectifs avoués mais l'appétit des tribunes impose peut-être un zest supplémentaire d'ambition. Surtout le jour où les voisins de la Côte arrivent, encensés par leurs performances et forts d'un succès au match aller qui étaient restés en travers de toutes les gorges phocéennes. « Nous étions passés à côté du sujet » a répété à plusieurs reprises Alain Perrin.
Pascal Johansen qui a déjà reçu deux fessées retentissantes de la part des Niçois cette saison (0-4 avec Strasbourg et 0-2 avec l'OM) n'est pas le dernier à mettre les siens en garde. « Nous sommes touchés moralement et physiquement par notre défaite à Paris et ce n'est pas le meilleur moment pour disputer un derby de feu ! Il ne faut pas trop réfléchir ou gamberger et il faut se jeter dans la bagarre à corps perdu quitte à dormir ensuite pendant deux jours ! »
Pitau en rêve Cobos aussi
En face, Romain Pitau se délecte par avance de connaitre enfin cette ambiance made in Vélodrome. Avec Lens, il n'avait fréquenté que le banc pour assister à un hold-up (3-2) signé d'un coup du chapeau de Drobjnak. « Un match de ce calibre dans un stade aussi beau, c'est un moment rare dans une carrière. Nous l'abordons sérieusement et sans pression car nous n'avons rien à perdre. Il faut simplement se méfier de la réaction des copains de Lebœuf qui n'avaient pas apprécié le scénario du match aller. »
Son capitaine José Cobos va même plus loin dans le plaisir. « Pour nous, ce soir, c'est l'Europe, la ligue des Champions ! Un avant-gout du bonheur qui nous attend si nous allons au bout de notre aventure. Nous allons tout donner comme partout où nous sommes passés et notre confiance est énorme. Tout peut arriver dans un rendez-vous aussi serré. J'ai senti le groupe très concerné lors du dernier entrainement hier, à Sanary. Il y a des signes qui ne trompent pas comme ces petites boules qui ont envahi nos estomacs. »
Depuis la reprise, les Niçois restent sur deux matches nuls contre PSG (0-0) et Montpellier (2-2) et une victoire contre Lille (2-0). Dans le même temps, l'OM a partagé les points à Auxerre (0-0), a battu Rennes (2-0) et s'est incliné à Lyon (0-1). Des bilans relativement comparables.
Les deux clubs se sont aussi offerts des jokers offensifs pour améliorer encore leurs forces de frappe. Le Russe Sytchev et le Sedanais Mionnet ont signé et débuté sous leurs nouvelles couleurs. Deux preuves supplémentaires que Perrin et Rohr n'ont pas envie de gaspiller et de rester modestes dans leurs luttes finales.
Il manquera aussi deux défenseurs très importants pour accentuer la similitude. Manu Dos Santos a été expulsé à Paris. Noé Pamarot paye une accumulation de cartons jaunes au plus mauvais moment. Mais les combinaisons des deux coffre-forts ne seront pas faciles à décoder pour autant. A Marseille et à Nice, ce n'est pas encore le temps des soldes. Ni celui des cadeaux ou des portes ouvertes.
Tout cela pourrait donc se jouer à l'envie, au courage, à la solidarité, à l'abnégation , à l'organisation, à l'intelligence.
Ou basculer sur une inspiration de Chapuis, un rush de Bakayoko, une arabesque de Diawara, un gris-gris de Mionnet, etc...
Une affaire de détails
Tout cela méritera aussi une belle fête dans un environnement digne des plus grands stades d'Europe. Et que la violence et la bêtise fassent grève !
La Côte est en folie. Deux de ses plus grands clubs se disputent le haut de l'affiche. Rire ou châtiment ?
C'est d'actualité dans les salles. Au stade aussi ?
Yves MERENS
Mardi 28 Janvier 2003
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