Nice : constat sans amertume

Si la défaite au Vélodrome a laissé quelques regrets, c'est plus sur la forme que sur le fond. Car à froid, les Aiglons s'accordent à reconnaitre l'écart existant entre les deux formations

Depuis quelques mois, ils ont repoussé si loin les limites qu'on en devient sans doute trop exigeant à leur encontre. Ces Aiglons nous procurent tellement de montées d'adrénaline depuis le début de saison, qu'on finit par les croire capables de tous les exploits.

D'exploit, il n'y eut pas mardi soir au Vélodrome. Du courage, oui. Du labeur, aussi. De l'honneur, toujours. Mais c'est l'OM qui, logiquement, a quitté la pelouse en vainqueur.

Aussi, ces quelques mots de Gernot Rohr, hier, nous ont semblé d'une grande acuité : « On a eu la chance de faire ce grand match, n'oublions pas qu'en National, on aurait du jouer contre Romorantin... »

Le coach niçois n'a pas oublié d'où lui et ses hommes reviennent : de nulle part, tout simplement. Et le doux rêve qu'ils nous font partager au quotidien ne doit pas masquer la réalité des choses. Et des hommes.

« Avec du recul, on se dit que Marseille joue dans un autre registre. On n'est pas dans la même catégorie. Les joueurs, c'est du costaud, c'est puissant, c'est explosif. On a fait un match responsable, ce revers n'est pas déshonorant... » Rohr dresse son propre constat. Lucide et sans amertume.

Eric Roy ne disait pas autre chose à l'issue de la rencontre : « On ne peut pas comparer l'OM et l'OGC Nice. Il faut savoir rester à sa place. »

Bien sur, on peut toujours se dire que le Gym a su en son temps ramener un point du Parc, un autre de Gerland et trois de l'Abbé-Deschamps. Mais il y a des soirs où les costumes sont parfois trop larges à porter...

Dans l'œil du cyclone (50000 Marseillais, plus le mistral, ça fait beaucoup !), Cobos et les siens ont fait ce qu'ils savent faire le mieux : déployer leurs filets, cadenasser les velléités adverses en attendant de pouvoir contrer. Ça a déjà fonctionné, ça aurait peut-être pu le faire encore, comme le relève Gernot Rohr, qui n'a pas manqué de visionner le match dès mardi soir :

« Si on avait tenu le 0-0, ça pouvait donner le même match qu'à Auxerre. On aurait pu leur faire mal sur un ou deux contres. Pendant une bonne vingtaine de minutes, on peut dire qu'on a fait jeu égal. Après le premier tir canon de Van Buyten, c'est là qu'on a été en difficultés, un peu plus acculés devant le but. C'est d'autant plus dommage de prendre ce but. J'ai revu les images, le coup-franc n'y est pas. Après José dévie en corner et on encaisse derrière... »

Cobos : « Ils étaient prenables derrière... »
Scénario catastrophe dont ne se relevèrent jamais les Aiglons, même si on peut les créditer d'une bonne fin de match comme en témoigne l'occasion en or de Diawara hélas sauvée par Meité.

« Il y avait beaucoup de regrets dans les vestiaires, commentait José Cobos hier matin. Parce qu'on se sentait capables de faire quelque chose. Ça fout les boules... Il y avait la possibilité d'égaliser, de ramener un point, même si on a perdu quelques ballons. Ils étaient prenables derrière, ils étaient un peu lourds, on a vu qu'on avait la capacité de passer par les côtés pour leur poser des problèmes. »

En première période, Cédric Mionnet sut effectivement faire preuve de beaucoup de mobilité aux avant-postes. C'est prometteur, mais il lui faudra évidemment peaufiner son entente avec Kaba.

Revenus les poches vides du Boulevard Michelet, les Niçois ont l'opportunité dès après-demain d'atteindre enfin leur Graal : cette barre mythique des 42 points s'offre en effet à leur convoitise, pour peur qu'ils battent Guingamp au Ray.

Pas forcément une sinécure, si l'on en croit Gernot Rohr : « Guingamp, ce sont les spécialistes du contre... Ils ont gagné cinq matchs à l'extérieur sur onze ! »

Nous voilà au parfum.

Afin d'atteindre l'ivresse, faisons donc en sorte que le Ray ait samedi des contours de Vélodrome. On n'a pas toujours le mistral à Nice, mais on sait quand même pousser aussi fort derrière notre équipe que les Marseillais.

Non ?

Christophe DEPIOT.
Jeudi 30 Janvier 2003
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