Presse :
un piton pour pitau ....
Nice-Matin, le 03/09/2002 à 08h09
Avant d'arriver, il a donné le biberon à Faustine. A six mois, sa fille se moque éperdument de savoir que papa et ses copains sont toujours en tête du championnat...
Après son passage à ''Nice-Matin'', il s'en ira chercher son épouse pour faire les boutiques. Emilie ne devrait pas lui parler de la venue de l'OM au Ray. Et Faustine n'évoquera surement pas l'organisation solide montée par Alain Perrin du côté de la Canebière.
C'est en famille que Romain Pitau décompresse.
« On est de repos, lundi et mardi. Ça va nous faire du bien. On va juste penser à souffler. Parce que physiquement, on est frais. Et psychologiquement, on ne peut pas être mieux », avance l'infatigable milieu de terrain niçois.
Voilà donc une mini coupure sans plaie à soigner sur le visage rayonnant de l'OGCN.
Une pause pour mieux continuer.
Assi devant un café, il feuillette le journal avant de se pencher sur le classement.
Tout en haut, le nom de Nice.
« Ça fait plaisir. Ça ne fait pas drôle puisque l'œil fixe aussi la colonne des journées. Il y est inscrit le chiffre 5. Pas 30. Là , ça me ferait vraiment un drôle d'effet... Mais je vois aussi que des gros comme Auxerre, Lens, Paris ou Lyon sont derrière nous. Enfin, je m'arrête sur l'écart avec les trois derniers. C'est ça, le plus important. »
Il ne faut pas compter sur lui pour se vautrer avec prétention dans ce fauteuil de leader. On pouvait s'y attendre. Quelle que soit la grosseur de l'exploit, le tour de tête de Romain Pitau ne prendra pas un centimètre. Jamais. Parce que si le footeux est ambitieux, l'homme est modeste.
« Personne ne s'enflamme. On reste les mêmes », dit-il effaré par les gonflements d'ego et de chevilles.
Et n'allez pas lui parler de pression supplémentaire ou de tension palpable. « Cette position, c'est de la confiance et du bonheur en plus. Rien d'autre », répond ce chercheur de plaisir de 25 printemps.
« Nous sommes l'équipe la plus motivée de France »
Pour lui, le souffle de la réussite provient d'abord de cette tempête qui faillit bien emporter la maison rouge et noire à l'intersaison. Puis le vent a tourné... « On a traversé des moments terriblement angoissants. Cette incertitude fut très difficile à vivre. Mais elle a aussi fait que nous sommes, aujourd'hui, l'équipe la plus motivée, plus déterminée de France ».
Puis, l'enfant du Nord savourera cette mayonnaise qui aura si bien pris. « Les nouveaux se sont parfaitement intégrés au groupe. En quelques jours, ils avaient le même état d'esprit que les anciens ».
Alors, il le clame. Il le jure. La main sur un cœur qu'il a si grand. « La force de l'OGCN, c'est son collectif ! »
« Nice-OM, ça va être un grand moment »
Il parle de ces pierres que chacun apporte afin de renforcer le bloc équipe.
Il insiste sur cette solidarité qui assure les résultats et rassure les hommes.
Il ne craint pas le jour sans, le grain de sable ou la défaite explosive qui peuvent mettre à mal toutes les espérances même les plus sages. « Le groupe saura réagir. Comme il l'a fait après la désillusion havraise ou après l'ouverture du score des Montpelliérains. Par deux fois, tout le monde s'est relevé. Il y a des signes qui ne trompent pas. Ce Gym-là possède le caractère et les vertus qui devraient éviter la dégringolade fatale. »
A Paris, en tout cas, ces Niçois ont tenu le choc. « Ce fut notre premier gros match. Le verdict (1-1) et la manière sont encourageants. Avec un peu plus de réalisme, nous aurions même pu revenir avec les trois points. Mais il ne faut pas faire la fine bouche. Dégustons plutôt ce qui nous arrive », dicte celui qui a trouvé ses repères dans un 3-5-2 à la souplesse sécurisante.
Mais Paris, c'est fini. Maintenant, c'est Marseille qui arrive.
« Depuis la sortie du calendrier, les gens parlent de ce match.
On a l'impression que tout Nice attendait ce derby depuis des lustres. Lorsque des supporters évoquent ce rendez-vous, je vois la passion dans leur regard. Alors, j'imagine la soirée. Le Ray plein à craquer. Ça va être un grand moment. Et un grand match de foot », promet celui qui, à une époque, rêvait devant l'OM des Papin, Waddle et autres.
Là , il traversera une réalité qui le fait déjà vibrer.
« Aller au Parc des Princes. Puis recevoir et défier Marseille. Qu'est-ce qu'un footballeur peut demander de plus. Sinon gagner... »
Ce serait géant.
Il le sait. « Pour cela, il ne faudra pas être tétanisé par l'affiche. Le but, jouer. Se lâcher. Se libérer. »
Pour foncer vers la félicité.
Lui ne modifiera en rien son approche de l'événement.
Calme à l'extérieur.
Bouillonnant au fin fond.
Emilie et Faustine l'attendent.
Alors, il conclut. « Le championnat vient de naitre. Derrière, il y a toute une vie ».
La sienne semble si belle.
Philippe CAMPS.
Mardi 03 Septembre 2002
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