Presse :
La citadelle du Ray
L'équipe, le 03/02/2003 à 10h08
Le parcours de l'OGC Nice à domicile est impressionnant. Explications.
« Ça y est, le maintien est assuré. Qu'est-ce qu'on va faire maintenant ? On va s'emmerder. » Quelques minutes après la victoire sur Guingamp (1-0), samedi soir, torse nu et les cheveux en bataille, José Cobos est hilare. Une fois de plus, Nice a réagi après une défaite (0-2 à Marseille lors de la journée précédente). Une fois de plus, l'enthousiasme azuréen a tout emporté sur son passage. Une fois de plus, le Gym a été intraitable sur sa pelouse. Un chiffre résume parfaitement le parcours niçois au stade du Ray : Gregorini n'a pas encaissé de but sur son terrain depuis le 24 août, soit 10 matches d'affilée. Une performance étonnante qui ne doit pas masquer les ambitions croissantes des joueurs de Gernot Rohr dans le jeu.
« La première chose qui est fondamentale à mes yeux, c'est l'osmose avec le public, précise l'entraîneur niçois. C'est quelque chose qu'on voit rarement. Même si le stade n'est pas toujours plein, les supporters et même toute la ville ont eu un coup de coeur pour cette équipe. Sur le plan du jeu, nous avons toujours su faire un résultat après une défaite. Cela a encore été le cas contre Guingamp. La base, c'est de toujours bien rester en place défensivement. Ensuite, on garde peu le ballon au milieu et on recherche toujours très vite la profondeur. Notre confiance est évidemment un moteur important. Et puis, j'ai une équipe intelligente. »
Pourtant, Nice avait débuté son Championnat par une défaite à domicile, la victoire havraise (2-1) apparaissant aujourd'hui comme l'une des plus grosses performances de l'année. Mais Jean-François Domergue, l'entraîneur normand, reste modeste : « Aujourd'hui, cette victoire est un exploit. À cette époque, José Cobos était blessé et l'équipe avait eu des retards dans sa préparation. Je me souviens même avoir dit à Gernot, après le match : " Dans deux semaines, tu seras en place. " On avait joué en 4-3-3 et, sur le plan offensif, nous avions eu des opportunités. Ils avaient déjà été très dangereux sur toutes les phases arrêtées, ce qui est resté une constante, chez eux. Au début, tout le monde a pris cette équipe par-dessus la jambe. C'était notre premier match. On découvrait la L 1 face à une équipe qu'on connaissait, un promu comme nous. Nous avons fait la différence sur le plan athlétique et sur notre organisation. Mais ce n'était qu'une question de temps, pour eux. Cette défaite a peut-être été positive. Ils n'ont pas paniqué. Psychologiquement, le groupe était très heureux d'être en L 1. »
La force d'y croire
L'OGC Nice a effectivement su réagir au pas de charge en laminant Strasbourg dès la rencontre suivante (4-0). Marc Keller, le manager général alsacien, se souvient parfaitement de ce cauchemar : « À l'époque, tout le monde voyait Nice redescendre aussitôt. Leur préparation avait été tellement contrariée. Nous avions plutôt bien débuté ce match, mais, par la suite, nous avons volé en éclats face à une équipe qui faisait déjà preuve d'un enthousiasme largement au-dessus de la moyenne. Je pense que, pour eux, pas mal de choses positives sont parties de ce match. Et nous étions repartis très inquiets de Nice. »
Depuis, Nice ne laisse rien passer et réussir un 0-0 au stade du Ray devient déjà une belle performance. Au fond, Guingamp n'a encaissé qu'un but mais sans la prestation exceptionnelle de Ronan Le Crom, les Bretons auraient, eux aussi, reçu une fessée mémorable. Bertrand Marchand, l'entraîneur guingampais, est impressionné : « Il y a chez eux une synergie incroyable mêlant la confiance, l'environnement, l'envie de jouer et de faire un résultat. Ils ont toujours la force d'y croire. En fait, chaque joueur de cette équipe est capable de remporter ses duels. Il y a la force avec Pamarot ou Everson, l'expérience avec Cobos ou Roy, la subtilité avec Bigné, la vitesse avec Diawara ou Cherrad. L'équipe n'est pourtant pas très joueuse au départ, mais, par la force de ses duels, elle sait s'imposer sans s'embêter dans la préparation. Il y a une relation très directe vers les attaquants. Une sorte de football à l'anglaise. »
Le cocktail des qualités niçoises est donc particulièrement varié. Cela devrait largement suffire à occuper les soirées du joyeux José Cobos jusqu'à la fin de la saison.
Pierre MENES
© L'Equipe
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