Si dur mais si logique…

Un, voire deux tons en dessous des Niçois, les « Ciel et marine » n'avaient quasiment aucun espoir de se qualifier. Ils se sont inclinés 1-0...

La place que Frédéric Hantz rêvait de faire dans la salle des trophées du HAC, afin d'y déposer la coupe de la Ligue ne sera qu'un trou où seule n'apparaîtra que la vision d'une nouvelle déception. Les espoirs de l'entraîneur havrais se reporteront donc sur la coupe de France. Mais pourra-t-il vraiment y croire ?

Certes, hier soir, ses hommes n'ont craqué qu'à deux minutes d'une prolongation qui n'aurait été que miracle. Quand Kanté, dans les dix-huit mètres, ajusta Revault de volée. Le défenseur niçois ne faisait là qu'appliquer les règles d'une implacable logique. Nice méritait sa place en demi-finale.

Et pourtant, avant même que le public ne se mette à chanter, à sauter, c'est la barre qui se mit à trembler. Oui, la barre, celle de Letizi, sous le coup de tête d'Alla. Les deux premières minutes n'étaient pas encore écoulées que le HAC donnait le ton. Un mirage, ou presque.

Dans un schéma rafraîchi par les retours de Tixier, Noro et Alla, tous absents du onze de départ face à Toulouse, et dessiné sur le mode 4-4-1-1, les « Ciel et marine » jaillissaient donc les premiers des starting-blocks. Avant… Avant de laisser le seul Revault assurer le show.

Revault a fait ce qu'il a pu
Revault, ou quand la classe suffit à effacer le poids des ans. A bientôt 37 ans (en mars), l'unique rescapé, dans cette coupe de la Ligue, de l'épopée havraise terminée un soir de mars 1995 en demi-finale face au PSG (0-1), aura laissé une trace indélébile de son passage sur la pelouse du Ray.

Il a fait face aux offensives azuréennes sans trembler, tenant à lui seul dans ses gants le 0-0 à la pause. Pendant que ses partenaires jouaient trop souvent à contre-temps, lui, le gardien le plus sollicité de Ligue 1, faisait du temps le seul allié du HAC. Il écœura d'abord Rémy (6e), puis Faé (15e), puis encore Rémy (16e) et enfin Modeste (19e). Revault repoussait tout mais les vagues aux couleurs du Gym revenaient, sans cesse. Debout dans sa zone technique, Hantz ne voyait en revanche rien venir. Ça flottait à tous les étages, même s'il fallut à Diakité se jeter pour barrer la route du but à Alassane (23e). Nerveux, l'entraîneur havrais s'en prit alors, à juste titre, aux délégués, afin qu'ils tentent de stopper les jets incessants de petites fusées brillantes sous le nez de Revault. Néanmoins, peut-être valait-il mieux voir briller les fusées que le trio Bamogo-Modeste-Rémy.
Le HAC courait, Nice jouait. Entre les deux, l'écart était énorme, en tout cas beaucoup plus large que celui qui a séparé le cuir des filets de Revault, sur une tentative d'Hellebuyck venue s'échouer sur le poteau (47e). Etait-ce un signe ? Ce n'est pas Letizi, auteur de son premier « arrêt » à l'heure de jeu, sur une frappe cadrée mais inoffensive de Davidas, qui allait aider la dizaine de supporters havrais ayant traversé le pays à retrouver une once d'optimisme.

Cela dit, le chronomètre tournait, enfin les hommes du milieu se mettaient à presser et soudain, Revault n'eut plus à user de ses mains, de ses pieds, de son corps, pour maintenir les « Ciel et marine » sur le chemin de la demi-finale. Il était même possible d'inscrire aux statistiques du soir quelques banderilles plantées par le HAC, quelques débordements, quelques frappes aussi lointaines que loin du cadre. Ce cadre qu'allait trouver Kanté, défenseur si tranquille, venu se faire plaisir aux avant-postes afin de régler le compte des « Ciel et marine ». A la 88e minute… Noro, sur coup-franc, ne put que faire trembler le Ray (90e).

Benoit Donckele
Paris Normandie