Un but in extremis de Kanté au bout d’un match crispant a expédié les Aiglons en demi-finales.
Nice peut continuer à y croire. Sa volonté de retrouver le Stade de France, trois ans après la finale de Coupe de la Ligue perdue face à Nancy (1-2), est toujours en passe de se réaliser. Les Aiglons ont franchi un obstacle supplémentaire en se débarrassant hier du Havre et en se qualifiant pour les demi-finales de l’épreuve, programmées début février. Présenté comme ça, il n’y a rien de surprenant. Les Azuréens forment l’une des bonnes équipes de L 1 et ils recevaient la lanterne rouge du Championnat. La logique a donc été parfaitement respectée.
Pourtant, on a longtemps cru que les Normands seraient à même de confirmer leur réputation de bête noire des Niçois. Lors de leurs sept précédents déplacements au stade du Ray, ils s’étaient imposés six fois et avaient fait une fois match nul. Hier, ils ont encore posé mille problèmes à l’équipe de Frédéric Antonetti. En cassant sans cesse le rythme et en étant volontiers truqueurs, sans toujours mégoter sur les moyens de stopper l’adversaire, ils ont pris de plus en plus confiance au fil de la rencontre. Mais il leur a manqué une petite minute dans le temps réglementaire pour pousser le Gym en prolongation.
Alors que les six mille spectateurs de ce match crispant s’apprêtaient à profiter un peu plus longtemps de la fraîcheur, les coéquipiers d’Echouafni ont bénéficié d’une énième situation favorable. Corner tiré par Ben Saada. Dans la surface, Loïc Rémy, auteur d’une belle rentrée après deux pépins à une cheville puis à un genou qui l’ont éloigné des terrains deux mois, remettait de la tête pour Kanté.
Revault a retardé l’échéance
D’une reprise en pivot, l’ancien Strasbourgeois, vainqueur de cette même Coupe avec les Alsaciens en 2005, trompait un Revault jusqu’alors impeccable. Son premier but de la saison, mais pas le moins important, donnait le départ d’une folle sarabande, qui se répétait quelques instants plus tard au coup de sifflet final. Un dénouement cruel pour les Normands mais une issue normale au vu de la rencontre. Car si les Niçois n’ont pas fait un match qui restera dans les annales, s’ils ont parfois souffert alors que la plupart d’entre eux n’avaient plus joué depuis le déplacement à Toulouse (2-2, le 20 décembre), ils n’ont pas volé leur victoire. Supérieurs techniquement à leurs adversaires, ils auraient même dû réussir à plier le match beaucoup plus rapidement. Ainsi, dès le premier quart d’heure, ils auraient pu mener au score. Le Havre était sans cesse mis sur le reculoir mais jamais les Aiglons ne parvinrent à aller au bout de leurs intentions et à concrétiser les occasions qui se multipliaient. En cause, un incroyable manque de réalisme. D’abord sur une frappe de Rémy repoussée par Revault (6e), puis sur une autre de Faé à nouveau sortie par le gardien havrais (16e). Il y eut ensuite une tentative trop timide d’Echouafni, tout étonné de se retrouver seul à un mètre du but (16e), et un tir en pleine course de Modeste encore repoussé par Revault (19e). Un peu plus tard, Hellebuyck dévia aussi un centre de Rémy sur le poteau (48e) et Mouloungui rata seul devant le but une offrande de Rémy (90e + 2).
On imagine la frustration qu’auraient ressenti Antonetti et ses joueurs en cas d’élimination. Ce matin, cette inefficacité chronique est à placer au rang d’anecdote et le rêve niçois est encore un peu plus près de prendre forme.
Jean-Pierre Rivais
L'Equipe