L'OGC Nice d'Antonetti fut aux abonnés absents à Nantes. Accident ou malaise plus profond ?
Ce week-end, les journalistes dépêchés à La Beaujoire pour suivre la rencontre entre le FC Nantes et l'OGC Nice, ponctué d'un 2-0 en faveur des Canaris, n'ont pas eu droit à des déclarations fracassantes de la part de Frédéric Antonetti, devenu pourtant au fil des dernières saisons un excellent client pour les médias.
Cette fois-ci, l'ancien entraîneur des Verts a préféré tourner sept fois sa langue dans sa bouche plutôt que de livrer avec sa franchise coutumière le fond de sa pensée.
« Parfois, il vaut mieux se taire » a t-il simplement lancé avant de tourner les talons, furibard.
Sans doute avait-il beaucoup de choses à dire pourtant mais il a préféré faire le débriefing du match catastrophique de son équipe entre quatre murs. Ceux-ci vont sans doute résonner fort car connaissant le bonhomme, il a sûrement encore en travers de la gorge le comportement laxiste de ses joueurs sur la pelouse de la Beaujoire.
Ceux-ci n'ont d'ailleurs pas tardé à faire leur mea culpa, à l'instar de David Hellebuyck qui a parlé « de comportement irrespectueux par rapport au maillot et aux supporters, de gâchis » ou d'Emerse Faé qui a reconnu que son équipe « était passée à côté et qu'il ne fallait pas se trouver d'excuses. »
Ces regrets, émis également par Cédric Kanté qui a évoqué « un sentiment de colère, presque de résignation » suffiront-ils à effacer cette désillusion ? La réponse sera donnée dimanche après-midi au stade du Ray où les Verts doivent s'attendre à une chaude réception. Car un tel non-match impose une réaction d'orgueil devant le bouillant public du Ray, déjà très frustré par l'élimination inattendue en demi-finale de la coupe de la Ligue contre Vannes (1-1, défaite aux tirs au but), il y a de cela deux mois et demi.
Excepté cette grosse bourde, l'OGC Nice réussit pourtant une saison plutôt convenable. Malgré les départs conjugués de Lloris, Ederson, Balmont et Koné, poutres maîtresses de l'édifice, Antonetti a réussi à construire un ensemble solide, à défaut d'être très spectaculaire.
Ainsi, ses Aiglons ont fait bonne impression tout au long d'un championnat où ils ont invariablement figuré dans la première moitié de tableau (excepté après la première journée).
Calé aujourd'hui à la huitième place avec 44 points, le Gym a été distancé par les sept premiers (7 points de retard sur Rennes) mais pointe en tête d'un vaste peloton d'équipes n'ayant pas d'autre objectif que le maintien.
Ce souci-là ne hante plus les nuits des Niçois depuis belle lurette. Dans la configuration d'un championnat où l'avenir de deux tiers des clubs n'est pas encore assuré, c'est un privilège que les Niçois ont transformé en fardeau.
« On perd et on ne prend en plus aucun plaisir à jouer » a ainsi regretté Hellebuyck après le fiasco nantais, comme pour réveiller les consciences et éviter une fin de saison en eau de boudin.
À ce titre, la confrontation dominicale éclairera certainement sur les envies profondes d'un groupe dont une partie est en froid avec son coach et dont on dirait qu'il a lâché psychologiquement depuis qu'il se sait à l'abri mathématiquement et que les rumeurs de départ d'Antonetti se précisent.
Ça sent vraiment la fin de cycle sur les bords de la Méditerranée…
Yves Verrière
Le Progrès