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NICE : Esprit, tu es là

L'équipe, le 15/02/2003 à 11h15

Un groupe ultra-solidaire, solide et sans complexes. Voilà à quoi ressemble l'OGCN cette saison. Résultat? Une place dans les premiers de L1 et une image redorée.

L'ENNEMI, C'EST LA ROUTINE. Pour la combattre en ce matin de match, Gernot Rohr avait promis un truc neuf. Alors, avant d'aller marcher ou courir dans la forêt pour ceux qui le désiraient, il a conduit ses joueurs au musée d'Art contemporain de Carros, juste histoire de leur changer les idées, de leur montrer une fois encore que leur univers n'était pas tout l'univers.
Certains ont trouvé « nazes » les œuvres exposées, d'autres ont avoué que ça les intéressait assez peu, il y eut aussi quelques « Pas mal », un ou deux « C'est beau » et de rares « Bon, on rentre ? ». D'évidence, ils étaient satisfaits d'être ensemble, de rire ensemble ou de se taire ensemble.

De retour à l'hôtel de cette petite commune de l'arrière-pays niçois, où ils se retrouvent avant chaque match à domicile, un groupe de quatre a accaparé le billard, et Kaba Diawara, bénéficiant des conseils de Romain Pitau, a battu son compère attaquant « Malek » Cherrad. La première partie achevée, Diawara et Cherrad ont répondu aux questions d'un journaliste de France 3, et, pour expliquer leur complémentarité devant le but adverse, Diawara a lâché, le plus sérieusement du monde : « C'est normal qu'on se soit trouvés très vite, Malek est un type intelligent. » Le fou rire de Pitau et du Brésilien Everson et les larmes de joie de Kaba auraient pu vexer Cherrad, il s'est contenté de leur dire : « Vous êtes vraiment trop cons, il disait intelligent sur le terrain, pas en général...» Ré-crise de rire... «En quatre ans il s'est passé beaucoup de choses, commente José Cobos. Les galères comme les espoirs ont rendu ce groupe très mûr. Les jeunes se rendent déjà compte que commencer une carrière dans ces conditions, ça leur donne une force mentale. Je dois ajouter qu'on vit bien parce que Gernot nous laisse vivre, dans les limites qu'il a fixées. »
Elles ne sont pas si larges mais peu contraignantes. Eric Roy explique : « II y a des règles sur lesquelles on ne transige pas. » Elles sanctionnent par exemple « un écart de langage, un manque de professionnalisme ou un manquement au respect dû au maillot comme aux équipiers... » Une telle conduite fait « réagir le groupe qui sanctionne sans mettre l'entraîneur au courant. Ça se règle entre hommes adultes et responsables. » La communauté niçoise est un cercle fermé, très privé, très prisé aussi. Et même si « certains ne pourraient pas rester avec nous », comme en convient Eric Roy, «je sais que nous donnons envie à pas mal d'autres. Si j'étais recruteur Je regarderais avant tout la mentalité du joueur que j'envisage de faire venir. J'ai quelques copains, comme Robert Pires, qui m'ont dit qu'ils sont heureux de nous voir réussir, ils pensent que c'est bon pour le foot. Oui, on a tous le sentiment d'avoir une belle identité. C'est lié à notre histoire, au fait qu'après le premier match du Championnat, perdu à domicile contre Le Havre, je me suis dit qu'on allait vivre l'enfer, qu'on risquait d'être rétrogrades en cours de saison. Sauf que le match suivant, et puis celui d'après, et tous les autres depuis, j'hallucinais quand je voyais trois rouges toujours sur le ballon, comme des morts de faim. On en fait dix fois plus que les autres. C'est la première fois que je vois ça depuis le début de ma carrière : onze mecs prêts à se mettre chiffon pour récupérer le ballon. Notre force, c'est aussi cette liberté que laisse Gernot. Il fixe les principes puis ensuite nous traite en adultes. »

Avait-il seulement le choix, Gernot ?

Pouvait-il, dans un contexte aussi spécial, reproduire les schémas d'assistanat et de déresponsabilisation qu'emploient les grands clubs ? Lui dit que non, que « vu la précarité de la situation de l'OGCN, il n'y avait qu'une seule recette possible : jouer la carte humaine à fond ». Sur ce terrain, l'entente avec José Cobos fut immédiate. C'est ensemble qu'ils ont élaboré la stratégie visant à convaincre les autorités du sport français de laisser vivre Nice en D 1 malgré la rétrogradation prononcée par la DNCG (Direction nationale du contrôle de gestion) de la Ligue. « D'abord, se souvient Gernot, alors que certains joueurs pointaient aux Assedic, nous avons repris l'entraînement le 2 juillet sans savoir ce qui se passerait. J'avais un effectif de neuf joueurs. Un de mes amis préparateur physique est venu bénévolement nous donner un coup de main, tout s'est passé comme dans un club d'amateurs à ceci près qu'il y avait 4000 supporteurs pour cette première séance. Le tour de chauffe s'est transformé en tour d'honneur, on s'est redonné le moral. Ce jour-là s'est créé un lien fort entre nous et eux. Ensuite, les joueurs qui nous ont rejoints ont adopté cette mentalité. Ils avaient tous envie que ça marche. »
Le Brésilien Everson, par exemple, savait qu'il utilisait là sa « dernière chance de réussir quelque chose de bien en Europe après avoir sombré au fil des années de galère, des erreurs de comportement et des mauvais choix de club ». Pour lui, c'était comme pour l'OGCN, une question de survie sportive. « Si j e n ' avais pas percé là, je n'aurais eu qu'une seule option :
rentrer au pays et jouer pour un salaire médiocre... » Eric Roy, lui, n'avait aucune revanche à prendre et un compte en banque garni pour quelques siècles après ses passages à l'OM, en Angleterre (Sunderland) puis en Espagne (RayoVallecano).Au crépuscule d'une carrière où seules manquent quelques sélections en équipe de France, il voulait simplement « aider le club qui m'a formé et contribuer à travers lui à donner une image un peu plus positive de Nice ».
Pourtant, au début de l'été, c'est avec des soupirs désabusés qu' Eric lisait dans la presse « le feuilleton de l'été ». Les épisodes tragi-comiques mis en scène par des demi-sel marseillais (1) ne l'ont pas fait rire. Lui pensait plutôt aux drames qui se jouaient en coulisse. « C'était une aberration de laisser le football pro mourir à Nice,mais des aberrations, il y en avait eu tellement dans le club et autour du club... C'est presque réjouissant de voir que tant de conneries peuvent être effacées d'un seul coup, au dernier moment, par quelques hommes de bonne volonté. »
D'abord les joueurs qui décidèrent de sacrifier - au moins de geler (2) - leurs primes de montée en Première Division pour inciter tout le monde à mettre la main à la poche. « Et puis Lens », tient à ajouter Gernot Rohr. « Oui, Lens, qui a été vraiment fair-play en nous achetant des joueurs pour un montant d'un million d'euros au moment où tous les autres clubs attendaient que nous mourions pour récupérer gratuitement nos meilleurs jeunes. »
Au lieu de cela, les mêmes clubs ont prêté à l'OGCN quelques-uns de leurs joueurs en surplus en se disant qu'au moins leurs états d'âme de doublures ne poseraient plus de problème. Calcul habile. Ces laissés-pour-compte ont retrouvé à Nice leur dignité professionnelle et ont renoué avec la performance. « C' est sûr, raille Roy, les grands clubs hésitent maintenant à nous prêter leurs gars en trop qui, eux, ne rêvent que de nous rejoindre. » Nice est, en matière de tremplin pour les faux has-been, ce qui se fait de mieux en Europe. Une véritable machine à relancer les carrières. « Ce n'est pourtant pas en anticipant ainsi sur leur avenir que j'ai convaincu les joueurs qui nous ont rejoints »,tempère Gernot Rohr. « J'ai parlé de convivialité, d'hospitalité et de défi. J'ai toujours traité en direct avec les joueurs avant de contacter leurs représentants. "Pancho" Abardonado, par exemple, comme d'ailleurs l'autre Marseillais, Damien GrégoriniJe les ai convaincus en trente secondes. Pancho, quand je lui ai dit qu'on ne pouvait pas le payer autant que ce qu'il gagnait l'année d'avant, il m'a répondu :" C'est pas grave, j'ai besoin d'avoir du plaisir à jouer." Cette attitude, je l'ai retrouvée chez tous les autres. Un mélange d'envie, de plaisir, de frustration et de revanche. »

Ce soir-la, contre Lille, il y avait sur le terrain six joueurs sous contrat avec l'OGCN plus cinq pièces rapportées qui devront faire leurs bagages en fin de saison. L'ensemble formant un bloc solide de joueurs âgés de moins de 27 ans guidés par deux généreux trentenaires, José Cobos et Eric Roy... Le premier, au début de réchauffement, a rappelé les principes :« Solidarité, les gars, motivation, on a foi en nous. Ce groupe mérite de gagner, mais, pour gagner, faut faire des efforts, pour soi, pour les autres. Faut pas se regarder, chez nous, on doit s'imposer. » Le second, lui, est revenu sur un échec pour appeler le succès : « Les rares fois où on s'est cru arrivés, on a pris une gifle. Souvenez-vous de Bordeaux, on est tombés sur une équipe qui en voulait plus. Souvenez-vous des cinq premières minutes, le pressing tout terrain qu'ils nous ont fait. Je veux qu'on commence ce match comme ça, à cent à l'heure,tout de suite. » Au coup d'envoi, Eric Roy a souri, il a su que c'était gagné : Kaba Diawara était déjà parti comme une flèche pour presser l'adversaire. «Il avait tellement envie qu'il a filé une seconde trop tôt et que l'arbitre a dû remettre la balle au centre... »

Ce soir-là, Nice a fait le jeu et remporté la victoire, reprenant du même coup la tête de la L1. Dans le vestiaire, le président a doublé la prime de match, « c'était le bon moment pour faire un geste », sourit Gernot. Demain ? Ils n'y pensent pas. Eric Roy refuse l'euphorie en rigolant. « Qu'est-ce que je pourrais dire ? Qu'on va essayer de se qualifier pour la Ligue des champions, affronter le Real à Santiago Bernabeu ? Oui,j'en rêve,mais cela me semble tellement irréel que ça ne sert à rien d'en parler. » Pourtant cette perspective apparaît de moins en moins farfelue. « L'important, soupire Gernot Rohr, c'est de montrer qu'avec de vraies valeurs on peut renverser des montagnes. On montre qu'il n'y a pas que le fric, pas que l'individu. Regardez la Real Sociedad, regardez la société en général : c'est un mouvement profond, un retour d'une certaine dignité, et moi, ça me remplit d'espoir... »


(1) En Janvier 2002, le club avait été repris dans des conditions obscures par la quintette marseillais Cano-Cassone-Mouret-Toroela-Traba. finalement écarté. Rétrogradé en national ci juin. l'OGCN est réintégré en L1 le 11 juillet.

(2) Logiquement la direction actuelle de l'OGC Nice paiera cette dette en lin de saison, mais, au moment où les joueurs ont pris leur décision, il n'avaient aucune assurance de récupérer leur argent.






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11e journee de Ligue 1
dim. 10/11/2024 à 15h


Nice - Lille : 2-2

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  12e journee de Ligue 1
dim. 24/11/2024 à 20h45



Pts J V N D Diff
 4.    Lille 19 11 5 4 2 +7
 5.    Lyon 18 11 5 3 3 +3
 6.    Nice 17 11 4 5 2 +10
 7.    Reims 17 11 5 2 4 +4
 8.    Lens 17 11 4 5 2 +3



   9e  dim. 27/10 (17h) Nice - Monaco : 2 - 1
   10e  sam. 03/11 (19h) Brest - Nice : 0 - 1
  jeu. 07/11 (18h45) Nice - Twente : 2 - 2
   11e  dim. 10/11 (15h) Nice - Lille : 2 - 2
   12e  dim. 24/11 (20h45) Nice - Strasbourg
  jeu. 28/11 (21h) Nice - Rangers
   13e  dim. 01/12 (17h) Lyon - Nice


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