Traoré, le « poly-vaillant »

L'ancien Cristolien s'est parfaitement adapté à la maison rouge et noire. Sans avoir encore gagné ses galons de titulaire indiscutable en L1, Sammy joue les pompiers de service en fonction des indisponibilités. Un rôle qu'il assume sans états d'âme

En cette époque torturée où les « va-t-en guerre » de tous poils, nous claironnent à longueur de journées par ondes ou lucarnes interposées, leur rhétorique belliqueuse, on finirait presque par se convaincre de l'impérieuse nécessité de ne s'intéresser qu'aux frivolités du ballon.

Encore que.

Chacun sait combien le football peut être source de dévoiements, l'actualité ne se privant guère de nous le rappeler...

Il y a des jours pourtant où la vie ne devrait se circonscrire définitivement qu'au rectangle de gazon vert, sur lequel virevoltent quelques paires de crampons.

La preuve ?

Prenez quelques Aiglons, placez-les sous la douceur d'un soleil printanier, agrémentez le tout de quelques ballons et voilà la recette d'une fin de matinée rafraichissante, vu le contexte actuel !

Qui plus est lorsque vous avez la chance de serrer au passage la main d'une ancienne icône du football mondial, en la personne d'Enzo Scifo.

Vous l'aurez compris, le Belge était hier en villégiature à Charles Ehrmann, le teint hâlé, l'étoffe impeccable, l'allure princière. La grande classe quoi !

Tandis qu'il devisait avec Roger Ricort au bord du terrain, Rohr et sa troupe en finissaient avec l'entrainement du matin. C'est là que nous nous sommes avancés et qu'il nous vint l'idée de poser nos questions à Sammy Traoré.

Encore neuf dans la maison rouge et noire, l'ancien Cristolien s'est pourtant rapidement imposé comme l'un des noyaux dur du groupe. Sans avoir gagné des galons de titulaire, le grand « Sam » a bénéficié des absences des uns et des autres pour jouer les pompiers de service, en défense comme dans l'entrejeu.

Premier bilan après six mois de bail à Charles-Ehrmann.

- Sammy, finalement, vous avez bien fait d'avoir choisi Nice ?

« Oui personnellement et collectivement. J'ai réussi à très bien m'intégrer et je dois dire que tout le monde m'a aidé. En plus, concernant la situation du club tout va bien, même si on aurait pu être encore mieux, avec quelques points en plus... ».

- Avec le recul, quelles grosses différences voyez-vous entre Ligue 1 et Ligue 2 ?

« Au niveau des duels, la D2 reste la D2... C'est plus brouillon au niveau du jeu. En Ligue 1, c'est plus posé, on prend le temps de construire. Et puis il y a des individualités un cran au-dessus, des attaquants de haut niveau ».

- Y en a-t-il en particulier qui vous ont impressionné ?

(il répond sérieusement du tac au tac) « Un qui m'impressionne par exemple, c'est Kaba Diawara ».

- Physiquement, vous tenez la route à ce niveau ?

« Physiquement, ça va. De toute façon, j'avais fait toute la préparation avec Créteil. En Ligue 1 par contre, il faut être concentré de la 1e à la 95e ! ».

- Vous qui êtes plutôt un défenseur central, vous avez finalement rarement évolué à ce poste. L'adaptation a été plus difficile ?

« En fait, le coach savait que je suis polyvalent, l'an passé à Créteil je jouais 6 et ça allait. Moi, si on me demande de jouer là où là, je réponds présent et je donne tout ce que j'ai. Si j'ai bien transféré, je suis content. De toute façon, je joue avec mes qualités et mes défauts ».

- Justement, quels sont-ils ?

(Il se marre) « J'en ai plein. J'ai le pied gauche à travailler, les centres, le jeu aérien offensif. J'ai pas encore mis un seul but de la tête et pourtant j'ai pris plusieurs ballons de la tête sur corner... ».

- Dans le groupe, vous êtes souvent le clown de service. C'est votre nature ?

(Il s'interrompt, Noé Pamarot venant se plaindre sérieusement d'un coup reçu et d'excuses non entendues...) « Oui, j'ai toujours été comme ça, et je ne changerais pour rien au monde. C'est ma mentalité. Mais dans le groupe, il y en a beaucoup qui sont comme moi, seulement ça se voit moins ».

- Avec quels joueurs avez-vous le plus d'atomes crochus ?

« Surtout Pancho, il m'a tellement aidé à m'intégrer. Je m'entends très bien aussi avec Patrick Barul, et même le petit Oumar, le p'tit frère. Il est très grand mais il est encore jeune, il n'a que 22 ans ».

- Comment voyez-vous la fin de saison de Nice ?

« Ça va être très difficile dès dimanche. Si on prend trois points, on recolle un petit peu. Tout va se jouer sur ces trois matchs qui arrivent (Ndlr : Lyon, Monaco, Auxerre). Ne serait-ce qu'avec deux victoires et un nul, on peut commencer à espérer quelque chose de bien. Auxerre, on les a battus chez eux, alors il n'y a pas de raison qu'on ne les batte pas ici. Comme Lyon, puisqu'on a fait match nul là-bas. Monaco, je crois qu'on est capables d'aller prendre un point chez eux. En plus en ce moment, on a le temps de se reposer puisqu'on joue une semaine sur deux ».

- Pour finir, que vous inspire la fin de saison chaotique de Créteil après d'excellents débuts ?

« Je crois qu'après nous avoir battus en Coupe de la Ligue, ils se sont un peu enflammés. Mais surtout, ce sont des problèmes extra-sportifs qui sont ressortis. Ce n'est pas nouveau à Créteil... Les résultats ont tout masqué pendant un moment mais c'est navrant. Car j'ai des amis là-bas et j'espère qu'ils vont s'en sortir ! »

Christophe DEPIOT.
Mercredi 19 Mars 2003
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