Presse :
Un gout d'amertume
Nice-Matin, le 24/03/2003 à 18h00
Personne ne voulait lâcher. C'est Nice qui a craqué. A six minutes de la fin. Le Gym ne méritait pas ça. Le foot est parfois cruel. Retour sur un dimanche au gout d'amertume. Sur une messe dite en brésilien...
GREGORINI. - Les Lyonnais mirent une petite demi-heure pour trouver le cadre. C'est Muller qui, le premier, contraint le gardien niçois à un arrêt haut de gamme. Une ''horizontale'' pour aller chercher le coup de tête rageur du défenseur suisse de l'OL. Bien protégé par sa garde impériale, le grand Damien vécut son deuxième coup de chaud dans les dernières secondes de la première période. Là , il dut se détendre sur une frappe de Govou qu'il détourna avec l'aide de son poteau gauche. Il traversa une seconde mi-temps plutôt paisible, jusqu'à cette maudite 84e minute et cette frappe laser d'un Juninho inspiré. Que pouvait-il faire face à cette boule de feu d'une précision diabolique ? Pas grand-chose, si ce n'est maudire tous les Brésiliens qui ont un viseur au bout du pied.
VARRAULT. - Placé sur la droite de la défense, il avait la mission de briser les inspirations de Juninho. On ne vit pas beaucoup le talentueux Brésilien jusqu'à son coup fatal. Un véritable coup de poignard qui a du faire saigner l'âme du latéral niçois. Auparavant, celui-ci se concentra presque uniquement sur sa tâche défensive. Vitesse et vaillance furent les deux V de sa soirée vérité. A six minutes du verdict, il céda sa place à Mionnet qui ne put trouver le temps et l'occasion de se muer en sauveur.
COBOS. - Face au potentiel offensif lyonnais, il se montra prudent. Calme, autoritaire, il joua en patron d'une défense (la première de France) solide malgré la faille trouvée par Juninho. Ses jaillissements furent opportuns et ses tacles limpides. Compétiteur, batailleur, gagneur, il s'offrit un raid ponctué par une ouverture lumineuse pour Cherrad. Une action (66e) qui aurait mérité un autre sort. Ennemi de l'échec, il fut déchiré par une fin de match coupante comme la trajectoire inventée par Juninho.
ABARDONADO. - Une fois encore, il se sera montré très précieux dans les airs. Comme sur ce ballon décroché en altitude au grand désarroi de Govou qui l'attendait en salivant... Véritable tour de contrôle de la défense rouge et noire, il contrôla le trafic aérien sans jamais perdre la tête. S'il ne prit pas de risque dans le petit périmètre (comme le disent les rugbymen), son jeu long fut toujours précis et judicieux. Enfin, il se mit Luyindula dans la poche. Un mouchoir par-dessus pour étouffer ses sanglots.
PAMAROT. - Rohr l'avait décalé sur la gauche pour qu'il coupe tous les élans d'un Govou redouté parce que redoutable. Très présent, si puissant, Noé, le roc, réussit, le plus souvent, à contrer ce pyromane aux jambes de feu. Il aura éteint plusieurs départs d'incendie. Grâce à sa rage et son courage, Pamarot se permit même quelques courses audacieuses dans le camp ennemi. Si Govou n'est pas passé, il fut cependant le passeur d'un Juninho décisif. Mais ce point d'ombre ne peut noircir la performance du Niçois.
TRAORE. - Discipliné, déterminé, il remplit son rôle avec application. Il travailla beaucoup sur son côté droit et s'attela également à surveiller un Delmotte aux petons agiles. Lui aussi mit pas mal d'ardeur au combat. Rigoureux, il ne perdit que très peu de ballons. Parce que dans ce genre de match, le cuir est un trésor. Au fil du temps, il ajouta de l'audace à ses gestes et ses tentatives. Une bonne rencontre, même si on aurait aimé le voir prendre plus de risques offensifs. Mais face à Lyon, même au printemps, on ne se découvre pas inconsidérément.
ROY. - Il a donné de la voix et du geste. A commandé le placement et le replacement. Gendarme d'un milieu de terrain embouteillé, il a mis de l'ordre dans la circulation du ballon et du jeu. Un œil sur Carrière, l'autre sur l'organisation azuréenne, il a fait régner l'ordre jusqu'à ce que Juninho fasse tout voler en éclats.
PITAU. - Il a joué un peu plus bas que d'habitude. Lyon oblige... Pressant, omniprésent, il fut l'un des meilleurs Niçois. Parce que cet homme respire le foot et souffle la malice. Alors, son sens de l'anticipation fit souvent merveille. Patient, intelligent, il joua tous les coups à fond. Sur sa route, Dhorasoo, un client. Mais Pitau n'a pas souffert de la comparaison. Il a fait le poids. Et a toujours pesé sur le match.
EVERSON. - Monstre de combativité, il s'est toujours trouvé au cœur des débats. Poussé à gauche, il s'est recentré, a décroché, a avancé. Ses coups de pied arrêtés semèrent souvent le trouble dans la maison lyonnaise. Si sa première période fut de haut niveau, il baissa d'un ton après la pause et se montra moins influent.
Philippe CAMPS.
Lundi 24 Mars 2003
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