Le dernier match de la saison au Ray

Il est des rideaux qu'on voudrait ne jamais voir baissés.
Des Aiglons qu'on s'inquiète déjà de devoir laisser.
Il faut pourtant s'y résoudre. Tout à l'heure, c'en sera bel et bien fini - à domicile tout au moins - de cette saison 2002- 2003. Epique épopée en vérité ! Et populaire s'il en fut. Le vieux Ray qui a abrité depuis quelques mois tant de bravoure nourrie à l'amitié, de volonté forgée par l'adversité, va tressaillir une dernière fois.

Le cœur en liesse et l'âme en détresse.

Mais c'est ainsi. Restent encore quatre-vingt-dix minutes à couver du regard ces Aiglons.

Dès lors, pouvait-on en la circonstance rêver plus belle sortie qu'un Nice - Bordeaux ?

Un Pauleta en bagarre pour le titre de meilleur buteur ?

Des Girondins obligés de gagner pour retirer quelques subsides d'une lucrative Champion's League ?

Assurément non. Cette affiche est cousue d'or. Faut-il encore que les acteurs vous en convainquent. Que les Niçois vainquent !

Pour ce faire, Gernot Rohr livre ce qu'il pense être les clés du match : « Je dirais la lucidité, le jeu et le mental. A l'aller, on s'était fait dominer parce que l'adversaire avait pris l'ascendant mentalement et marqué le premier but qui nous avait été refusé... Nous savons qu'une victoire sur Bordeaux ne peut être obtenue que si nous sommes au top physiquement, techniquement et mentalement. Je crois qu'on peut être tout à faitcapable de le montrer !

Il ne s'est pas fait prier pour en convaincre ses joueurs.

D'autant que le match aller lut l'un des rares accrocs dans le parcours des Aiglons.
Plus que le fond peut-être, la forme surtout est restée en traders de la gorge de l'ancien bordelais.

« Mes joueurs ont de la fierté et voudront le montrer pour ce dernier match de la saison au Ray. Cela dit, si on marque les premiers, je ne demanderai pas a mes gars "de leur rentrer dedans et de leur faire mal" comme on l'avait entendu du banc bordelais ! Et si d'aventure on devait marquer à la 93° minute comme eux à l'aller, on ne s'embrassera pas et on ne sautera pas en l'air non plus... On aura simplement une pensée pour notre adversaire. On restera mesurés. »

Everson en délicatesse avec sa cheville

Voilà une pierre dans le jardin d'un Elie Baup qui n'en demandait pas tant : « A domicile, Nice est très dura manœuvrer. Ils auront en tête ce match aller et ça va sans doute se ressentir dans leur motivation. Nice n'aura pas le même visage au Ray qu'à Chaban-Delmas, c'est certain. C'est une équipe qui a acquis ses succès et construit sa saison surtout par des matchs à domicile. Soutenue par un public engagé, elle est très costaud. »

Pour ces retrouvailles, l'homme à la casquette sera privé de deux de ses titulaires habituels et non des moindres, puisqu'il s'agit de Smertin (suspendu) et de Savio (encore trop court à cause des adducteurs).

Côté niçois, Gernot Rohr n'a que l'embarras du choix. Le seul motif d'indécision concerne Everson, qui ressent encore quelques douleurs suite à une légère entorse de la cheville, mais devrait être fidèle au poste. Pour le reste, l'entraîneur azuréen peut s'appuyer surtout son groupe.

Une bande de copains qui vont écrire face aux leurs, le mot « fin ».

Puisse leur plume être alerte et trempée dans cet encrier gorgé de fierté, qui les a souvent conduits à rédiger les folles pages d'une romanesque saison en Rouge et Noir.

Puissent simplement ces Aiglons sortir la tête haute.
Ils l'ont bien mérité.

Mardi 20 mai 2003
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