Delle : « J’ai fait un choix raisonné »

Après sept mois de traversée du désert dans les coulisses d’un FC Metz aux portes du National, Joris Delle a trouvé l’énergie pour rebondir cet été sur la Côte d’Azur. Où il s’est rapidement fait une place sous le soleil de L1.

Il y a un an jour pour jour, Joris Delle rongeait son frein en suivant les résultats chaotiques d’une équipe de Metz déjà guettée par la zone rouge. Opéré d’une lésion méniscale un mois plus tôt (le 5 octobre 2011), il avalait alors les séances de rééducation en s’imaginant retrouver l’ambiance de Saint-Symphorien dans un délai raisonnable de quelques semaines…

La traversée du désert durera finalement plus de sept mois pour le gardien de l’équipe de France espoirs… tout juste rétabli pour accompagner ses coéquipiers en National lors de l’ultime journée de championnat de Ligue 2.

L’été passé et voici Joris Delle ressuscité ! Demain, face à Nancy, le gamin de Briey – préféré par Claude Puel aux internationaux sud-américains David Ospina et Raul Fernandez – devrait être titularisé pour la onzième fois cette saison en championnat.

- Joris, quand vous songez à ce que vous avez traversé et à la situation dans laquelle vous étiez il y a un an, que vous dites-vous ? Que ça fait du chemin tout ça ?

(Dans un souffle libérateur) C’est sûr, j’ai vécu une année très compliquée. De toute façon, j’avais touché le fond, je ne pouvais que remonter ! J’en étais arrivé à me demander si j’allais pouvoir reprendre le foot un jour. Mais il fallait s’accrocher. J’étais bien conscient que la saison blanche que je venais de faire pouvait faire peur à certains clubs (Ndlr. Avant ses soucis de santé, il était notamment supervisé par l’Olympique de Marseille et le Bayern de Munich). Et puis, il y a eu cette opportunité à Nice. Aujourd’hui, je peux dire que j’ai fait un choix raisonné.

- Mais assez audacieux dans la mesure où le club comptait déjà deux gardiens internationaux. Quel était précisément le deal avec Claude Puel ?

Il n’y a eu aucun deal. Je suis arrivé sans aucune certitude. Claude Puel m’avait juste prévenu que je partais « numéro un bis ». C’est-à-dire que ça me laissait la possibilité des jouer les matches de coupe…

- À l’époque, aviez-vous reçu d’autres propositions ?

Oui, quelques offres exotiques, dont une en Bulgarie, que j’avais tout de suite mise de côté. Quelques-unes de Ligue 2 et une proposition en provenance d’un club de L1 (Ndlr. Brest). Juin a été pour moi une longue période de réflexion, durant laquelle je n’ai pas écarté l’option d’une prolongation à Metz, pour le temps de jeu. Et puis Eric Roy (le manageur général des Aiglons) m’a appelé dans le courant du mois pour me parler du projet de Nice, où j’ai signé trois semaines plus tard, le 2 juillet, en me disant que cinq ou six matchs de coupe pour une première saison dans un club de L1, ça pouvait être un moyen de m’acclimater progressivement à l’élite française.

- Quels sont, selon vous, les événements qui ont amené le coach à bouleverser sa hiérarchie ?

La différence s’est faite durant le stage de préparation, où je suis arrivé plein d’envie, frais et plein de jus. J’avais tout à prouver dans ce nouveau challenge et je n’ai pas tergiversé. Et puis deux jours avant la première rencontre amicale contre Bordeaux, Ospina s’est plaint d’une petite contracture à la cuisse. J’ai donc joué ce premier match, puis un second, puis un troisième… À l’époque, David (Ospina) était en instance de départ (pour la Turquie et le Besiktas, opération finalement avortée) ; ça a pesé.

- Quel est aujourd’hui l’état de vos relations ?

David venait d’enchaîner quatre bonnes saisons en L1 et j’arrivais un peu de nulle part ; ça l’a secoué, forcément. Mais c’est un mec entier, il n’a pas d’amertume vis-à-vis de moi et a parfaitement compris que je n’étais pas responsable de tout ça. Nous sommes dans une concurrence saine. D’ailleurs, je pense qu’il m’apprécie bien. Il a toujours un petit mot sympa pour moi avant chaque match.

« Pas encore assez ‘‘tueurs’’ dans les deux surfaces »

- Alors que le début de saison a été plutôt mitigé en championnat, Nice vient de marquer les esprits en surclassant Lyon (3-1) en Coupe de la Ligue. Certains ont même évoqué une victoire fondatrice. Cautionnez-vous le terme ?

Nous sommes incontestablement en phase de progression et assez confiant sur le contenu du jeu que l’on propose. Mais jusqu’à maintenant, on n’est pas encore assez « tueurs » dans les deux surfaces pour enchaîner les résultats positifs en championnat.

- Mercredi, la lumière est notamment venue des jeunes : Maupay (16 ans), Eysseric (20 ans)…

Le coach ne s’est jamais arrêté sur l’âge des joueurs. Mais bien sûr leur niveau de performance. Il n’hésite d’ailleurs jamais à nous rappeler qu’il a été champion de France avec Monaco à la tête d’une équipe de 22 ans de moyenne d’âge.

- Vous faisiez partie du groupe des Espoirs retenus pour la double confrontation face à la Norvège. On ne vous a jamais proposé de monter dans le taxi (parti du Havre pour une désormais fameuse virée en boîte) ?

Non, ils ne m’ont pas proposé. D’ailleurs, je n’ai appris la chose que deux jours plus tard, et je ne m’étais aperçu de rien. Ils (M’Villa, Mavinga, Ben Yedder, Niang et Griezmann) ont pris le risque, ils se sont fait grillés. Le problème, c’est que ça fait désordre pour l’image du foot français, suffisamment bafouée en ce moment. Il faut se fixer des priorités dans la vie.

Propos recueillis par François VADOT
L'Est-Républicain