Retiré des terrains depuis 2010, Olivier Echouafni enfile avec grand plaisir le costume de consultant sur BeInSport. Il analyse et décortique les enjeux de la rencontre de ce week-end qu’il annonce compliquée pour l’OM…
- Olivier, la rencontre de dimanche va opposer l’OM (3e) à Nice (5e). Il y a bien longtemps que l’on n’avait pas vu les deux formations simultanément dans le haut du tableau. Cela va-t-il donner encore plus de piquant à la rencontre ?
Les matchs entre ces deux clubs ont toujours été particuliers. Dimanche, cela sera encore plus le cas. Nice est en haut de l’affiche pour la première fois depuis très longtemps. L’enjeu sera de taille avec un combat pour la troisième place. Chacune des deux équipes va se lancer dans un sprint final qui s’annonce passionnant. Celle qui remportera le match de ce week-end prendra un ascendant psychologique sur l’autre.
- Après un début de saison assez poussif (17e après dix journées), les Niçois ont redressé la barre avant la trêve hivernale (9e à l’issue des matchs allers) avant de connaître une ascension fulgurante en 2013 : Comment l’expliquez-vous ?
Je pense que c’est indéniablement le fruit du travail de Claude Puel. Il connait parfaitement le football. J’ai l’impression qu’il s’imprègne de ce qu’il a réalisé à Lille plutôt qu’à Lyon, où il a dû gérer les égos surdimensionnés de ces joueurs. Il a aligné un groupe avec des joueurs expérimentés et des jeunes joueurs de talent. Certains sont arrivés de l’extérieur comme Eric Bautheac ou Valentin Esseyric. D’autres sont issus du centre de formation. A un moment donné, on pouvait penser que l’OGC Nice allait s’écrouler, avec notamment la blessure de Cviatnich, mais on a vu que les jeunes du centre ont bien pris la relève. Et des garçons comme Neal Maupay ou Stéphane Bahoken se sont révélés. C’est ce mélange qui explique la parfaite réussite du club aujourd’hui.
- Alors que Claude Puel avait une réputation d’entraîneur défensif, on voit que l’OGC Nice a aujourd’hui la sixième meilleure attaque de Ligue 1 avec 41 réalisations. Etes-vous surpris ?
Pas vraiment. On sait que Claude Puel est un entraîneur qui aime s’appuyer sur une équipe bien organisée défensivement. Mais son groupe est bien équilibré dans tous les secteurs du jeu. Quand on connait une période de réussite, ce qui est le cas de Nice, votre nombre de buts est encore plus prolifique !
- Les fondamentaux sont tout de même présents puisque Nice possède la meilleure défense de Ligue 1 en 2013 et ce, alors que ces défenseurs aiment aller de l’avant à l’image de Renato Civelli (4 buts et 1 passe décisive), Nemanja Pejcinovic (3 buts) ou encore Timothée Kolodziejczak (3 passes décisives)…
Civelli et Pejcinovic sont des défenseurs centraux et ne jouent pas l’offensive mais ils sont ultra dangereux sur coups de pieds arrêtés, notamment Renato (Ndlr : Civelli) qui de par son physique, est capable de marquer à tout moment par son sens du placement. C’est une chance pour Puel de bénéficier de tels défenseurs, qui peuvent soulager leurs attaquants quand ces derniers ne sont pas au mieux.
- Deux joueurs de Nice se sont nettement fait remarquer cette saison. D’abord l’attaquant argentin Dario Cvitanich. Auteur de 12 buts en seulement 20 apparitions, il présente des statistiques alléchantes…
C’est d’autant plus remarquable quand on sait qu’il n’a coûté que 400 000 € ! Son ratio de buts est assez exceptionnel. Il a mal débuté son championnat. Mais avec le soutien des joueurs d’Amérique du Sud, son intégration s’est parfaitement bien déroulée et il a été encore plus efficace.
- Il pourrait effectuer son retour dimanche (Ndlr : Le joueur était blessé aux ischios jambiers depuis le début du mois de février)…
Ce serait un « plus » pour Nice. Cvitanich est un renard des surfaces, à l’image d’un Rudi Völler ou d’un Gerd Müller. Il me fait penser à Pedro Miguel Pauleta. Il est toujours à la limite du hors-jeu. Il parvient à se faire oublier et à se créer des brèches. Devant le but, il est très adroit.
- Autre joueur dont on a beaucoup parlé : Valentin Esseyric qui, à seulement 21 ans, a disputé 24 matchs et inscrit 5 buts…
Il a connu un début de saison « canon ». Je ne suis pas étonné de sa réussite. Je le suivais quand il portait le maillot de l’AS Monaco. Il était très bon. Il manquait juste de constance et de régularité. Mais il a énormément de talent. A un moment donné, il ne sera pas très loin de l’Equipe de France. Il ira loin.
- Sanctionné pour avoir blessé le Stéphanois Jérémy Clément, il a écopé d’une lourde peine (11 matchs de suspension). N’est-elle pas trop sévère eu égard au comportement du joueur (deux cartons jaunes auparavant) et de son âge ?
C’est une sanction lourde pour le joueur mais également pour son club. Quand on observe son geste, c’est assez dramatique de voir la cheville de son adversaire ! Pour lui, ce n’est pas une bonne chose. Il effectuait une très bonne saison qu’il aurait pu finir en apothéose. Sur la blessure en elle-même, je crois qu’il est bon de relever la problématique de l’attaquant qui ne sait pas tacler. Parfois, ils ont envie d’être plus agressifs sur le terrain mais ne parviennent pas à faire le bon geste. Nous avons pu nous en apercevoir au cours du match entre l’AS Saint-Etienne et le Paris SG : Brandao a mis un « tampon » à Thiago Silva. Sur le coup il s’en sort bien, mais cela aurait pu être bien pire !
- Quel regard portez-vous sur la saison de l’OM ?
Les Olympiens sont bien partis avec de l’ambition et de très bons résultats. Il y a eu ensuite des périodes plus compliquées. La blessure et l’absence de Gignac a pesé. Tout comme la méforme de Loïc Rémy. Le parcours de l’OM en UEFA Europa League a sans doute fatigué et émoussé les joueurs. En dépit de cela, l’OM a conservé sa place sur le podium. Il y a eu de la réussite sur certain match, avec des victoires un peu à l’arrachée. Mais seul le résultat compte et l’OM est toujours présent.
- Comment l’OM doit-il aborder cette rencontre ?
Cela sera un match compliqué pour les Olympiens dans un stade à guichets fermés avec des supporters bouillonnants. L’enjeu est de taille. Il faudra qu’ils se montrer patient et attendre que les occasions se présentent. La pression n’est sur aucune des deux équipes. Nice est la surprise du Championnat et l’OM reste pour l’instant dans ses objectifs initiaux. Après ce match, il y en aura encore huit à jouer avec 24 points à prendre.
- Un mot sur l’arrêté ministériel qui interdit aux supporters marseillais de se déplacer à Nice…
C’est toujours malheureux de priver des supporters de déplacements. Même s’il y a une certaine rivalité entre les deux clubs, je trouve cela dommageable pour tout le monde.
- Cela peut-il pénaliser les joueurs d’Elie Baup ?
Sans aucun doute. Quand l’on est un moins bien sur le terrain, les supporters peuvent vous apporter un second souffle.
- Quel est votre pronostic pour dimanche ?
(rires) Je n’ai pas le droit de parier ! Mais bon, je vois bien un match nul sur le score de 1-1.
- Olympien de 1994 à 1998 et Niçois de 2003 à 2010, votre cœur battra pour laquelle de vos deux anciennes formations ?
Il va battre pour que les deux équipes soient européennes en fin de saison.
Propos recueillis par Jérôme Andréacchio
OM.net