Lloris, paré pour le grand saut

Voilà une semaine Hugo Lloris, 21 ans, s'est imprégné des Bleus trois jours durant. Il a pu s'étalonner. Sa mi-temps disputée en A' face au Congo l'a renforcé dans ses convictions. Le très haut niveau l'attire viscéralement. « Faire partie de ce groupe est une chance, explique le gardien niçois. Il y avait là les joueurs concernés par l'Euro. Ca donne envie de progresser pour franchir des paliers. »

Il n'ignore pas pour autant la hiérarchie. derrière Coupet, il y a le duo Landreau - Frey. Le marseillais Mandanda est aussi devant lui. « Ramé aurait pu être choisi, indique Lloris. J'y vois un signe. Steve et moi avons beaucoup de respect l'un pour l'autre et chacun nos objectifs personnels. » Pour réussir les siens, il doit jouer « régulièrement la C1 » selon son coéquipier Cyril Jeunechamp. « Si un club européen lui propose d'être titulaire, il partira, assure Maurice Cohen, son président. L'intérêt sportif le guidera. » Sans connaître son avenir, Lloris acquiesce.

« Si tu joues dans un grand club, les choses évoluent naturellement, dit-il. Il faut savoir prendre des risques. » Il les prendra en juin. Son récent retour, après une entorse à un genou, a déjà permis à beaucoup d'estimer sa capacité à encaisser les coups durs.

Décrit comme timide, Lloris a franchi un cap dans ce domaine. « Lorsqu'il connaît, il aime chambrer. Il lui faut justement un peu de temps », confirme Jeunechamp. Du temps, il en a un peu perdu côté terrain. En benjamins, alors qu'il évolue dans le petit club niçois du Cedac de Cimiez, son grand-père l'emmène effectuer un essai à l'OGC Nice.

« Il sera au-dessus de Barthez »

« J'entraînais les gardiens pros du club et participais à la cellule de recrutement des jeunes, se souvient l'ancien international Dominique Baratelli. Hugo, pourtant plus petit que les autres, se détachait clairement. On n'a pas pu le faire signer car il habitait trop loin. L'année suivante, il est revenu. Il avait déménagé. Il avait le côté anticipatif du gardien, l'impulsion, une bonne prise de balle et la capacité à boucher les angles. C'est simple, je n'ai plus jamais vu ça chez un jeune. » A 15 ans, sa réputation grandit. Son père, Luc, employé de banque à Monaco, apprend l'intérêt du club de la Principauté. Mais son fils poursuit à Nice, où il obtient un bac S sans entrer au centre de formation. « Il avait beaucoup de qualités, se remémore Jean-Luc Ettori, actuel directeur sportif monégasque. Ce n'est pas le stéréotype du gardien actuel. Comme Barthez à ses débuts, il possède un jeu à risques et l'assume. » Echouafni conclut même : « J'ai joué avec Barthez, Cech, Lama ou Köpke. Pour moi, il sera au-dessus. »

Christophe BELLEUDI
Le Parisien