Presse :
Nice, jamais deux sans trois
France-Football, le 27/06/2017 à 11h03
Quatrième il y a deux ans, sur le podium la saison dernière, Nice espère bien s'installer durablement parmi les clubs qui comptent. Tout en gardant sa ligne de conduite.
Réussir un recrutement,ce n'est pas seulement attirer de nouveaux talents, c'est aussi être capable de garder ceux qu'on a déjà . Et avant même de savoir quel sera le visage définitif du Gym version 2017-18, on se dit que le troisième du dernier Championnat a certainement réussi son plus beau coup en conservant Lucien Favre sur le banc. Parce que cela n'avait rien d'une évidence au vu du club - le Borussia Dortmund qui lui faisait les yeux doux, et quand on sait combien l'exentraîneur du Hertha Berlin et de Mônchengladbach est sensible au football allemand. D'ailleurs, en interne, on n'en menait pas large, persuadé que le Suisse allait partir quand bien même Julien Fournier, le directeur général, et son président, Jean-Pierre Rivère, qui n'avait cessé de répéter toute la saison dernière combien la présence du successeur de Puel était la clé de voûte du projet sportif, se voulaient optimistes. Le 2 juin, un communiqué du Gym a sifflé la fin des doutes: «Le club ne souhaite pas donner suite à quelque négociation que ce soit concernant un transfert de son entraîneur, sous contrat jusqu'en juin 2019. L'intérêt sportif prévaut sur le volet financier, ainsi que la direction niçoise l'a toujours affirmé. Cette décision est ferme et sans équivoque. Elle a été pleinement entendue par les dirigeants du Borussia. Et naturellement aussi par Lucien Favre, qui l'a parfaitement comprise et acceptée. Sitôt ouvert, le chapitre est déjà clos.» Une fin de non-recevoir claire et nette. «Ç'a été un travail de patience fait d'échanges entre nous pour trouver la bonne solution», explique Rivère. Pas de psychodrame, pas d'épanchements dans la presse ni de bras de fer, l'affaire s'est réglée efficacement et naturellement. Si Favre a été déçu, il a en tout cas dépassé ce stade et, de l'avis de ceux qui le côtoient au quotidien, n'a jamais paru aussi détendu que ces premiers jours d'été.
UN OPTIMISME RAISONNABLE
L'épisode en dit long sur le climat niçois au moment de la reprise. Zen. Serein. II y a un an, avant les arrivées tardives de Dante, Balotelli et Belhanda, on s'inquiétait des départs (Puel, Ben Arfa, Germain, Pied, Mendy) après une quatrième place qui permettait de retrouver l'Europe dix-sept ans après. Qui aurait misé sur une suite encore plus belle ? Et comme on dit: jamais deux sans trois. Fournier et Rivère, d'une seule voix, qualifiaient le Gym d'«anomalie sympathique», allusion aux résultats sportifs en inadéquation avec les moyens financiers. Un an plus tard, les moyens restent les mêmes - entre 40 et 45 millions de budget car « les résultats sportifs n'ont pas encore permis la croissance financière», dixjt Rivère -, mais c'est comme si Nice avait changé de catégorie et se berçait d'un optimisme raisonnable. La présence de Favre à la reprise ou les négociations pour faire prolonger Mario Balotelli, décidé
à poursuivre l'aventure quand on l'annonçait forcément partant, sont les meilleurs indices de cet optimisme. Et raisonnable parce que personne ne doute qu'il sera très compliqué de renouveler les performances de la dernière saison. «On a marché parfois sur l'eau, estime Maxime Le Marchand, qui entame sa troisième saison sur la Côte d'Azur. Quand des joueurs importants se blessaient comme Cyprien ou Pléa, d'autres prenaient le relais comme Le Bihan ou Eysseric. Mais on ressent une forme de sérénité parce qu'il y a moins de chamboulements que la saison dernière. Il y a un an, beaucoup de choses étaient à reconstruire. Aujourd'hui, les chantiers sont moins nombreux car les bases sont là et le projet sportif est d'autant plus clair que le coach est resté.» Jean-Pierre Rivère complète: «L'an dernier, il y avait eu la crainte du coup de grisou au moment du mercato, mais je crois que les gens ont compris qu'on travaille et qu'on anticipe pour garder notre ligne. On a acquis du crédit.»
DES ADVERSAIRES PLUS MÉFIANTS
Le confort de vie qu'offre la Côte d'Azur n'est plus le seul attrait. Début septembre,le club profitera de son nouveau centre d'entraînement, signe du développement du Gym. Il concourra pour la deuxième saison d'affilée sur la scène européenne avec la possibilité d'entendre l'hymne de la Ligue des champions à l'Allianz Riviera s'il passe le cap du tour préliminaire et des barrages. Enfin, il entend bien continuer à se reposer sur ses principes de jeu. « Notre progression sportive a eu un double impact, considère Rivère. Aujourd'hui, nous sommes attractifs auprès des joueurs. C'est beaucoup moins compliqué de les convaincre de venir. Qu'un joueur comme Balotelli ait envie de poursuivre avec nous est un signe. Le revers, c'est que les clubs sont beaucoup plus hésitants à nous les céder ou nous les prêter aux conditions d'hier, car ils ne souhaitent pas renforcer un concurrent même si je leur répète qu'on ne joue pas dans la même catégorie.» Quand on lui demande si des grosses cylindrées comme Lyon ou Marseille, qui ont terminé derrière Nice, voire Monaco, qui dispose de nombreux jeunes en quête de temps de jeu, appartiennent aux réticents, le président
répond: « Demandez-leur, mais, oui, parmi eux il y en a un dont on a clairement senti que cela lui posait problème.»
Jusqu'à présent, Nice maîtrise son mercato. Certes, Belhanda est reparti au Dynamo Kiev après son prêt d'un an, et Baysse n'a pas été renouvelé. Et si Seri est toujours là pour le plus grand plaisir de son entraîneur, qui entend conserver un joueur clé, ce dernier devra se résoudre à le voir partir si une offre de 40 M€ - montant de sa clause de cession - arrive sur le bureau des dirigeants niçois. Pour le recrutement, le Gym conserve sa ligne. « On essaie toujours de panacher entre des jeunes joueurs d'avenir et des éléments plus expérimentés comme Dante pour les encadrer, rappelle Rivère. La venue de Jean-Victor Makengo (NDLR: qui lui aussi a signé une clause de valorisation sous seing privé de 50 M€ en cas d'éventuelle revente) est le fruit d'un long travail en amont. On prend des mois, voire des années, pour se persuader qu'un joueur a le potentiel pour grandir avec nous.»
BONS FOOTBALLEURS ET BONNES PERSONNES
Pierre Lees-Melou est un autre exemple de l'anticipation niçoise. « Ils sont venus plusieurs fois me voir à Dijon, bien avant que Bordeaux ne se manifeste. Et je n'ai pas hésité. Si je viens ici, c'est pour suivre l'exemple d'Arnaud (Souquet, son ancien coéquipier a Dijon), qui a montré la voie et franchi un cap dans une équipe qui joue et ne se débarrasse jamais du ballon. Je sais combien ils nous ont fait souffrir quand on les a affrontés la saison dernière. » La troisième recrue, Adrien Tameze, arrive de Valenciennes et affine les profils recherchés, pas si différents des têtes d'affiche qu'étaient Ben Arfa, Balotelli ou Belhanda. Lucien Favre les décrit ainsi: «Ces joueurs ont connu des situations compliquées dans leur carrière et ils ont su en tirer du positif. Cela dénote une certaine intelligence. Sur le plan humain, c'est toujours intéressant d'avoir des joueurs comme ça dans un vestiaire.» Maxime Le Marchand confirme: « Le club cherche à la fois de bons footballeurs et de bonnes personnes. Si l'état d'esprit est ce qùiJ est ici, c'est parce qu'on trouve des joueurs prêts à faire les efforts pour les autres. On n'a pas encore fixé d'objectif collectif mais, à titre personnel, c'est de ne pas connaître de blessure (il s'était rompu les ligaments croisés en mai 2016), afin d'être disponible pour ce groupe et profiter de ce qu'apporte au quotidien un entraîneur comme le nôtre. » L'objectif collectif viendra vite. « Je ne sais pas si l'anomalie va perdurer, sourit Rivère. En tout cas, on fait toutpour qu'elle devienne de plus en plus récurrente.»
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