Entre José Cobos et le public de la Meinau, il y a toujours eu un truc, jamais de sifflets. Il était, est, et restera le chouchou des Alsaciens. Il sera samedi à Strasbourg avec l'OGC Nice.
Il a une gueule d'enfer, ou plutôt une gueule d'ange. Ça, ce sont plutôt les femmes qui l'affirment. « On a dit beaucoup de choses sur lui. Surtout qu'il faisait la bringue. Mais José, c'est d'abord un bosseur », rectifie Albert Gemmrich, qui l'a formé au Racing au milieu des années 80.
« Il a été un exemple pour les gamins des cités de Strasbourg comme l'est Mehdi Baala aujourd'hui. Oui, un exemple. Un mec que tu dois avoir envie de copier. »
Et, pour l'ex-responsable du centre de formation de la Meinau, José Cobos n'a jamais eu, et ne fera jamais ses 36 ans. « Il a toujours eu 20 ans. Généreux, disponible. Il a utilisé, à mes yeux, les trois mots-clés qui font une réussite : travail, humilité et sagesse. Et s'il est autant apprécié, c'est qu'il n'a jamais oublié de mouiller son maillot. Il a compris que pour recevoir, il fallait d'abord donner. »
« Nous avons canalisé son énergie »
Généreux, José Cobos l'était, l'est toujours. Un peu trop même quand, débutant footballeur au CS Neuhof, il empilait les buts et portait quelques coups de tête... à la tête de ses adversaires.
Ou quand, dans la cour du collège Saint-Etienne, il venait dans celle des grands pour les défier ballon au pied, ou sur des séries de sprint. Dont il sortait toujours vainqueur, mais aussi chambreur. « Il a toujours été un meneur et un boute-en-train. Son frère Vincent et moi-même, nous avons canalisé son agressivité, son dynamisme », rapporte Albert Gemmrich.
« Il n'a alors pensé qu'au football. Il avait du talent, il était polyvalent et fougueux. En CFA, quand mon équipe battait de l'aile, je le replaçais en pointe. Et il était mon gardien remplaçant, au cas où... Mais sa qualité première, c'était sa réceptivité. Il écoutait les bons conseils, même si j'ai eu beaucoup de mal à le persuader des bienfaits de la musculation. »
La sieste d'Albert
Vingt ans plus tard, José Cobos est toujours là . Il est même devenu exemplaire. « Je l'ai eu au téléphone en début d'après-midi, il venait de finir sa sieste. Il n'a pas oublié les bonnes méthodes », sourit Albert Gemmrich.
Et sa bonne gueule, même pas abîmée par les années, et sa longue chevelure sont toujours les mêmes.
Même si sa carte d'identité en fait le doyen de la L1, le dernier soixante-huitard avec Bruno Valencony son coéquipier. Celui qui a remonté Nice au propre comme au figuré, sur le terrain en terminant 2e de la L2 en mai 2002 ; en coulisses quand il est allé (avec Valencony et Rohr) défendre à Paris, puis à Lyon, la cause de son club exsangue financièrement, abandonnant au Gym sa prime de montée. Pas anecdotique à l'époque du foot-fric.
« On parle souvent de Vincent Sattler »
Seuls quelques chiffres donc, sa date de naissance (23/04/1968) et le nombre de matches de championnat qu'il a joués ici et là , soit 435 (148 pour le Racing, 145 pour Nice, 78 pour le Paris SG, 43 pour l'Espanyol Barcelone et 21 pour Toulouse), rappellent qu'il a commencé sa carrière professionnelle le 30 juillet 1988. C'était à Montpellier.
Le José Cobos, qui régalait la Meinau par ses montées, par son engagement, a fait son chemin. Il a été champion de France, vainqueur de la Coupe de France, et vainqueur de la Coupe des Coupes. Avec le Paris SG. Pour bien faire les choses, il a même ouvert un restaurant à Cannes.
« José, c'est un mec bien qui n'a pas oublié ceux qui ont fait sa jeunesse. Entre nous, on parle souvent de Vincent Sattler », ponctue, ému, Albert Gemmrich.
« Il finira éducateur »
Demain ou après-demain, il tournera la page. Sans refermer le bouquin de foot qui le tient en éveil depuis tout gamin.
« Il est fait pour être éducateur. Il adore les jeunes, il a du charisme. Il aime donner du temps aux autres. Il saura faire passer un message et permettre à des gamins de devenir des hommes », termine Albert Gemmrich.
José Cobos devrait donc répondre, par l'affirmative, à la proposition des dirigeants niçois de prendre en main le centre de formation. Il aura alors bouclé son parcours de footballeur professionnel, mais son fameux bouquin restera ouvert.
Club de coeur
Sa disponibilité, José Cobos en donnera deux preuves samedi soir. En se recueillant d'abord devant la stèle dédiée à Jacqueline Schoener, supportrice du Racing décédée l'année passée, puis en donnant son maillot à M. Kalt, le président de la Musau et entraîneur des poussins, et à M. Ciosek, président des jeunes du même club.
Entre-temps, il aura joué un match sur la pelouse qui l'a révélé. « Pour le gagner, même si c'est le Racing, mon club de coeur, en face », promet-il.
Jean-Christophe Pasqua
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