Doublure de Jérôme Alonzo une grande partie de la saison dernière et lors de l'ouverture de l'exercice 2004-05, Lionel Letizi s'impose depuis deux mois comme le titulaire indiscutable au poste de gardien d'un PSG qui réapprend à ne plus prendre de buts. Les prestations de celui qui a été formé à Nice, où il retourne dimanche soir pour son 300e match en L1, expliquent en partie ce renouveau défensif, mais le principal intéressé se garde de tout triomphalisme, bien placé pour savoir que la réussite est parfois éphémère.
La vie d'un gardien de but, même international, n'est pas toujours un long fleuve tranquille. On a beau afficher 299 matches de Ligue 1 au compteur, 4 sélections en équipe de France et de nombreuses rencontres européennes au sommet, on n'en reste pas moins soumis au bon vouloir d'un entraîneur ou aux soubresauts d'un corps humain souvent martyrisé quand on est gardien. Comme Fabien Barthez l'a connu à Manchester, Lionel Letizi sait que la roue de l'infortune peut vite tourner à ce poste exposé.
Depuis son arrivée dans la capitale il y a plus de quatre ans, le dernier rempart du PSG a cumulé suffisamment de hauts et de bas pour savoir de quoi il en retourne. Une première saison qui lui permet de faire connaissance avec la Ligue des champions mais également avec la crise «made in Paris» (Fernandez remplace Bergeroo au bout de cinq mois), une seconde plus apaisée au cours de laquelle il doit cependant faire face à ses premiers pépins physiques et une croix sur la Coupe du monde, quatre ans après avoir été «sorti du loft» de Clairefontaine par Aimé Jacquet (il faisait partie des six exclus avec Lamouchi, Ba, Djetou, Anelka et Laigle), une troisième cauchemardesque qui le voit jouer blessé pour finalement se voir relégué sur le banc par Fernandez, une quatrième presque blanche avec un rôle de deuxième gardien contraint de se consoler avec les coupes nationales (il gagnera la Coupe de France).
Débuts calamiteux contre Chelsea
Et la saison 2004-05 ne démarrait pas forcément sous les meilleurs auspices pour l'ex-Messin, puisque Vahid Halilhodzic conservait sa confiance à Jérôme Alonzo... doublure de Letizi à leurs débuts à Nice. Le mauvais démarrage du PSG ajouté à l'étonnante lucidité d'un Alonzo endossant sa part de responsabilités ouvriront une fenêtre de tir pour l'ex-Messin qui se voit offrir une première chance face à Chelsea en Ligue des champions. Et là , patatras ! Le gardien se troue sur une sortie aérienne, Terry ouvre le score, les Anglais s'imposent 3-0.
On aurait pu croire à un retour immédiat sur le banc, mais Halilhodzic lui offre une deuxième chance qu'il ne laisse pas passer. Titulaire en L1 depuis la venue de Saint-Etienne (c'est d'ailleurs contre ces mêmes Verts que quatre ans plus tôt, il s'était installé dans les buts à la place de Casagrande), Letizi a depuis enchaîné les bonnes performances, sauvant les siens à de nombreuses reprises, en Ligue des champions (face à Chelsea mercredi) et en Championnat. Pas de hasard là -dedans, mais le résultat d'un gros travail et de la répétition des matches. "Pour être performant, un gardien doit enchaîner les matches. Tant que je n'enchaînerai pas, je ne serai pas à l'abri d'une erreur",
nous expliquait-il ainsi en avril dernier.
Il a presque fait son deuil des Bleus
De quoi prétendre à un retour en sélection, trois ans et demi après sa dernière apparition en bleu (mars 2001 en Espagne) ? Confronté aux absences de Coupet et Barthez pour le match face à la Pologne, Raymond Domenech n'a pas daigné lui envoyer de pré-convocation. Mais Letizi n'en a cure, il a trop espéré puis désespéré de l'équipe de France pour ne plus se focaliser les Bleus dont il a presque fait son deuil.
Son retour aux affaires dans les buts parisiens suffit à son bonheur, lui qui n'a jamais élevé la voix, même quand il se sentait victime d'injustice. "Ce n'est pas dans mon caractère, ça ne m'est même jamais venu à l'esprit", se justifie-t-il. Travailler en silence, tel a toujours été son leitmotiv. "Je continuerai à m'accrocher", ne cessait-il de répéter la saison dernière. Et il a bien fait ! Fidèle à ses engagements (il a toujours été au bout de ses contrats), il n'a pas voulu quitter Paris en dépit de sa situation de remplaçant, pas plus qu'il n'a souhaité prolonger son contrat, préférant se donner la latitude de choisir libre son avenir en juin prochain au risque de ne rien trouver s'il n'avait pas joué.
"Je veux me donner encore une chance de ne pas finir à Paris dans cette situation (de remplaçant, ndlr), expliquait-il en avril. J'ai un an pour essayer de faire changer les choses. Si je joue, je me verrais bien faire encore deux-trois ans ici." Avant de boucler la boucle et de finir sa carrière à Nice ? "C'est mon rêve", reconnaît-il. A bon entendeur, salut...
Axel Capron
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