Cent ans de « Gym » : ça s’expose !

En matière de centenaire, 2004 aura été une belle année : c’est en effet en 1904, après la sortie des décrets d’application, que se créent les premières association type loi de 1901 dont bon nombre sont donc centenaires cette année.

Ainsi, à Nice, « La Semeuse », « l’Académia Nissarda » et.. l’Olympique Gymnaste Club de Nice (OGC Nice) dit le « Gym ». De toutes les sections de ce club omni -sports, la plus connue est celle de l’équipe de football. Mais d’autres existent, et les célébrations de ce centenaire ne les ont pas oubliées. Il y a le spectacle écrit et joué par l’ami Cairaschi en janvier au Théâtre de la Cité. Mais le 10 décembre s'ouvre une importante exposition à Acropolis consacrée à ce centenaire, coordonnée par le service des archives municipales et « pilotée » par Fabrice Ospédale, attaché de Conservation du Patrimoine, amateur de sport, et qui donc « monte au stade »

Fabrice Ospedale :Notre projet OGC Nice est sur 3 objectifs : d’abord, constitution d’un fonds patrimonial niçois, conservés aux archives municipales et peut-être dans un musée de l’OGC Nice à venir. Nous nous sommes lancés dans ce fonds sans aucun document –sauf la presse locale, que nous conservons. Au fil du temps, nous avons eu des témoignages oraux, des différents acteurs de l’OGC Nice depuis la fin de la seconde guerre mondiale jusqu’à nos jours : joueurs, dirigeants, supporters. Puis des photos, beaucoup d’objets dérivés, que ce soit des coupes, des fanions, des tenues de football, des équipements. Nous collectons ces objets à l’occasion des témoignages oraux, une cinquantaine à ce jour, ces personnes ayant conservé des documents. Soit ils en font don aux archives, soit nous les dupliquons par l’intermédiaire de l’informatique : nous scannérisons tout ce qu’ils peuvent nous prêter et nous leur rendons. Nous avons eu la chance aussi d’acheter un certain nombre de photos qui se sont vendues, des années 50 aux années 70, qui nous permettent donc de constituer un véritable fonds OGC Nice. Notre deuxième objectif était de créer une exposition sur ce thème, sur 2 sites : à Acropolis, du 10 décembre 2004 au 30 janvier 2005, à l’espace Méditerranée. Sur 1800 m2 nous allons reconstituer un stade de football, avec vestiaires à l’échelle 1, et dans ces vestiaires nous allons mettre un certain nombre d’équipements

J.B. Mais l’OGC Nice, ce n’est pas que le foot

F.O. Bien sûr que non, c’est l’un des seuls clubs français à être encore omnisports. Ce club a connu à sa création diverses sections : l’athlétisme, haltérophilie, gymnastique... Le football n’est arrivé qu’en 1908.Nous célébrons le centenaire du football, section –phare à l’heure actuelle, mais nous avons tenu à réserver un thème sur toutes les autres sections encore existantes : escrime, avec des champions olympiques, gymnastique, pétanque et de boules longues. Dans les années cinquante, il y avait presque une vingtaine de sections. Nous tenons donc à célébrer le centenaire de toutes ces autres sections dont on parle peu.

J.B Y a t-il eu – et y a t-il encore –une histoire très forte entre Nice et son club de football ?

F.O. : Oui pour la simple et bonne raison que, à la fin de la seconde guerre mondiale, le peuple niçois était en communion avec son équipe de football. En 1948, Jacques Cotta, le maire de l’époque, crée un grand club et investit dans le club : c’était la première fois qu’une municipalité française investissait dans un club de football. Il a limogé une quinzaine de joueurs pour acheter des grands joueurs. Ce n’était pas une subvention « à perte », comme on le verra plus tard à partir de l’année 1969, c’était une avance sur recettes. Le club, à la fin de la saison, était obligé, selon ses recettes, de rembourser soit une partie soit la totalité de la subvention. Cette équipe s’est avérée être la plus grand équipe dans les années 50 (4 titres de champion et 2 coupes de France) Quand on fait des témoignages oraux des différents acteurs des années 50, ils vous expliquent qu’il y avait vraiment une communion entre les joueurs et les Niçois. On montait au stade en tramway, et on redescendait avec les joueurs (qui n’étaient pas des « stars » et n’avaient pas de voiture), tous se retrouvaient devant Nice -Matin, alors rue Gubernatis pour voir à l’affichage les résultats des autres équipes. C’était en famille qu’on se déplaçait au stade, dans les années 50. L’épouse venait souvent, avec les enfants, et tous les témoignages convergent vers l’importance du père dans le fait que l’enfant aille au stade. Le public du football, maintenant, est beaucoup plus jeune. L’engouement est le même : quand on va au stade, on chante Nissa la bella avant le match. Mais si le public a changé, si les gens qui vont au stade sont différents, je pense qu’on peut dire encore que l’OGC Nice fait partie du patrimoine niçois et y joue un rôle

J.B. Vous me parliez d’autres projets.

F.O. : D’abord un projet éditorial : nous sortons un livre, dans lequel différents acteurs du club ont écrit. C’est une histoire du club à travers le patrimoine niçois et non une chronologie des différentes victoires de l’OGC Nice, une histoire du sport niçois de la fin du XIXième siècle à nos jours. Des scientifiques ont écrit sur toutes les sections du club.. Le troisième objectif est de créer une exposition itinérante, qui circulera dans tous les établissements scolaires et culturels du département. Et surtout – c’est un projet auquel je tiens beaucoup- de créer un véritable musée du club, et peut-être plus encore qu’un musée, un centre de documentation dans le nouveau stade

J.B. Comment se présente cette exposition ?

F.O. : C’est la reconstitution d’un stade de football, à une échelle un peu réduite, et tout autour, des vestiaires reconstitués. Dans chaque vestiaire, un thème sera développé : l’omnisport, une galerie de toutes les équipes de l’OGC Nice depuis que le club est professionnel, depuis 1932, jusqu’à nos jours : une photo de chaque saison. Nous reconstituons donc les vestiaires à l’échelle 1, en exposant un certain nombre de tenues, qui nous ont été gracieusement prêtées par un collectionneur marseillais de tenues de football, tenues originales portées par les joueurs lors d’un match.

J.B. : Le club a t’il joué à Nice dans d’autres stades que Le Ray?

F.O. : Dans les années 20, le club jouait au stade de la Californie, qui n’existe plus. Après, durant les travaux du Ray, elle a joué au stade St Augustin, actuellement Méarelli. Il faut s’imaginer que dans ce stade, plus de 15.000 personnes s’amassaient pour regarder les matches. D’ailleurs, l’un des thèmes qui sera décliné pendant l’expo, sera les différents stades où l’OGC Nice a joué depuis sa création, avec quelques photos, quelques plans, de stades de quartier. Un autre grand thème sera les supporters, également un espace éducatif, auquel je tiens, puisque nous avons actuellement [l’interview date de fin octobre] l’atelier pédagogique du Mamac qui travaille avec ses élèves sur des dessins, des productions, que nous exposerons. Et, durant la même période, il y aura une autre exposition à la Bibliothèque Louis Nucéra, quelques extraits de notre exposition, dans le hall de la Bibliothèque

J.B : Au final, quelle est la philosophie de ce projet ?

F.O : Je crois que c’est de montrer que, à travers l’OGC Nice, on parle de la ville de Nice, et vice-versa, tout au long du XXième siècle. C’est ce qui a été le fil conducteur de notre exposition, et en aucun cas, une exposition qui ne concernerait que le sport

Jacques Barbarin
Mangiapan.net