On les croyait capables de renouer avec la victoire. D’autant que l’adversaire n’avait rien d’un épouvantail. Mais les «Sang et Or» ont manqué d’idées et de forces.
Sur un strict plan comptable, les Lensois ont bel et bien tapé à côté de la plaque, hier, en ne sachant pas aller jusqu’au bout de leurs idées et en ne prenant pas les trois points dont ils avaient rêvé pour avancer encore. Mais il ne s’agit pas hélas de leur seul échec de la soirée. Car dans la manière d’appréhender le jeu et de valoriser leurs intentions, leur bilan atteste aussi d’une impuissance notoire. Souvent empêtrés dans les mailles d’un filet adverse resserré, ils furent incapables de trouver les relais nécessaires à une prise de position ferme et dès lors, leur stratégie se limita à de timides et trop intermittentes poussées. L’occasion de confirmer les bonnes impressions du récent voyage à Lyon et des épisodes antérieurs face à Bordeaux et Auxerre, était belle, compte tenu des faiblesses niçoises. Trop belle sans doute…
Hérisson niçois
Tenir le ballon et en faire un bon usage. Telle est la règle élémentaire du parfait footballeur; de celui qui, en tout cas, veut aller de l’avant et donner de l’épaisseur à un projet de vie. À en juger par leur capacité à courir, à chercher des angles et à provoquer très vite des amorces de déséquilibres, les Lensois n’avaient pas lancé les débats pour le simple plaisir de se distraire. Deux poussées d’adrénaline d’Utaka étaient d’ailleurs venues confirmer la tendance; à savoir que ce Racing sérieux et appliqué n’entendait pas se contenter de demi-mesures. Mais le plus dur, comme toujours, restait à faire: instiller le danger dans un système niçois qui, pour être friable en apparence, n’en était pas moins perturbant pour des attaquants adverses privés d’espaces. Servi à deux reprises par le Nigérian, Leroy manqua à chaque fois de promptitude et de sang-froid, ratant d’abord son contrôle avant de se faire contrer (6 e). Il y avait là un signe annonciateur de difficultés, même si par la suite Cobos dut suppléer son gardien devant Cubilier (22e ) et si Gregorini, précisément, essuya un assaut de forte magnitude signé Thomert (27e). Regroupés massivement en défense, peu enclins à jouer réellement dès l’instant où ils avaient rempli leur mission première qui était de bloquer les Lensois dans leur élan, les hommes de Gernot Rohr constituaient, à vrai dire, un parfait anesthésiant. Certes, les Lensois évitaient de tourner en rond en recourant à d’incessantes variations de jeu et à des initiatives personnelles généralement bien structurées. Mais, au fil des minutes et de leurs échecs répétés, on avait bien senti comme une forme de gêne persistante.
Enlisement
Face à un adversaire ne se livrant guère et n’ayant, de toute façon, pas assez d’envergure pour peser sur le match, le Racing manquait de profondeur dans son jeu et, pour tout dire, de personnalité aussi, le seul Jussiê ne suffisant pas à créer des ruptures franches malgré une fameuse opportunité du Brésilien. En décochant une flèche acérée, ce dernier provoqua un réflexe d’autodéfense d’Abardonado qui aurait très bien pu débloquer enfin le compteur lensois, la balle rebondissant sur la poitrine de l’ancien Marseillais avant de toucher le bras de Gregorini et de frapper le poteau (58e)! Hilton entrouvrit lui aussi la porte, sur un coup franc de Keita (61e). Mais, en bout de course, il ne put donner à son impulsion l’amplitude souhaitée, Thomert ratant pour sa part un tir en apparence facile (71e). Engourdis à force de courir dans le vide et de rencontrer l’échec, les Lensois ne possédaient plus de fil conducteur ni d’idées pour aller à l’essentiel. À oublier très vite.
Pierre DIEVAL
La Voix du Nord