Parti à l'OGC Nice en juillet 2004 après sept années passées à Nantes, Marama Vahirua n'a mis qu'une saison pour s'imposer sur la Côte d'Azur. Meilleur buteur des Aiglons au terme du précédent exercice, l'attaquant tahitien a franchi un cap. L'homme a mûri et le footballeur a grandi. Entretien.
- Marama, tout d'abord, comment vous et votre équipe avez-vous digéré la soirée de samedi (défaite à domicile face à Sochaux, décisions arbitrales très controversées et match interrompu en raison de la colère des supporters) ?
On essaie de faire la part des choses. On s'est fait avoir (sic), maintenant, nous sommes obligés d'accepter, de nous y plier. On se remobilise pour le match de samedi. Notre public est en colère, mais le match de samedi est déjà à guichets fermés. Ce n'est pas si fréquent ici à trois jours du match...
- Comment définissez-vous votre équipe cette saison ?
On a eu du mal à trouver nos marques offensivement. Les attaquants sont nouveaux (Koné et Bagayoko, en provenance de Lorient et Nantes N.D.L.R.). Mais avec le nouvel entraîneur (Frédéric Antonetti a succédé à Gernot Rohr N.D.L.R.), il y a un autre système, qui a des similitudes avec Nantes. Avec Gernot, on avait une pointe d'1,90 m devant et des joueurs qui tournaient autour. Là , le jeu est plus posé, plus simple. Comme je l'aime. On me laisse une certaine liberté et c'est comme cela que je suis meilleur. D'ailleurs, désormais, je tire les coups de pied arrêtés. Je l'ai fait un jour à l'entraînement et le coach m'a dit : « mais je ne t'ai jamais vu les tirer à Nantes ! » Pourtant, je pense que je ne me débrouille pas trop mal... (auteur d'un but sur coup franc lors de la 1re journée N.D.L.R.). Mais quand on m'impose trop de choses, je gamberge et je ne sais plus jouer au foot.
- Treize mois après avoir quitté Nantes, quel bilan tirez-vous de votre première saison à Nice ?
Je m'épanouis parce que je joue. J'ai fait une saison pleine, la première de ma carrière. Qui me laisse d'ailleurs un regret : ne pas avoir vécu ça à Nantes. Si on m'avait fait plus confiance, j'aurais fait une carrière à la Savinaud, Landreau ou Da Rocha. Là , ce que j'ai vécu en une année, ça change un footballeur... Et puis j'ai grandi. Je suis parti du cocon nantais j'ai pris sur moi, j'ai eu de nouvelles responsabilités. Avec des matches difficiles à jouer car j'étais un peu attendu à Nice, où l'on avait besoin de moi...
- Le joueur a grandi dîtes-vous, mais l'homme a aussi mûri...
Eh oui, je vieillis ! Du coup, je n'appréhende plus du tout les problèmes que je rencontre sur un terrain de la même façon. Auparavant, quand je ratais un but, je me morfondais et je m'enfermais chez moi. Là , je relativise, je prends conscience que ce n'est pas la fin du monde. J'arrive à décrocher et à aller de l'avant. La naissance de mon deuxième enfant, une petite fille, en mai dernier a aussi contribué à ça. Ma vie familiale est un bonheur, tout se passe bien dans le foot, où le projet du club me plaît bien, et en dehors. Quand je rentre à la maison, le sourire de mes enfants me fait tout oublier...
Propos recueillis par Raphaël BONAMY.
Ouest-France