Deux occasions ont suffi à des Nicois réalistes pour renverser une équipe parisienne peu inspirée.
Ce matin, Paris est encore leader de la Ligue 1. Mais des
insuffisances dans le jeu parisien ont été révélées par cette première défaite du PSG cette saison. Nice n’a pas été beaucoup plus brillant. Juste plus réaliste. Cela suffit au bonheur des Aiglons, qui avaient été plutôt malheureux depuis la première journée de ce championnat.
CETTE FOIS, le PSG ne défie pas la logique. À Sochaux (0-1), contreToulouse (2-0) et à Troyes (1-1), il obtenait de bons résultats sans forcément bien jouer, voire en jouant mal. Face à Nice, Paris a mal joué, a mené, mais s’est incliné. Les Niçois ne se sont pourtant guère montrés flamboyants. Pour tout dire, les hommes de Frédéric Antonetti ont rivalisé dans la médiocrité. Ils se sont même créés moins d’occasions que leurs hôtes. Mais ils ont eu le mérite de jouer un poil plus haut et
de laisser moins de déchets dans leur jeu. Résultat, et ce n’est pas pour autant mérité, Nice retourne
chez lui avec trois points alors que Paris conserve son fauteuil de leader à la différence de buts sur Bordeaux,
et avec un match en plus par rapport à Lyon et Lens, qui ne jouent que ce soir.
Aussi lucide qu’attristé, Laurent Fournier dressait un constat sans appel : « Même si on a trois victoires
et un nul lors de ces cinq premières journées, on a encore du boulot. » Il aurait pourtant aimé saisir l’occasion de la venue de Nice pour creuser l’écart. Mais le manque d’imagination de ses joueurs et, surtout, un
positionnement très bas ne laissaient rien augurer de très favorable. La sortie de Rothen, victime d’une lésion musculaire à la cuisse gauche après un quart d’heure, n’a pas non plus aidé. « Mais c’est dans les moments comme ça que tout le monde doit se sentir concernés,
reprend l’entraîneur parisien. Tout le monde doit être prêt. »
Pauleta sur sa lancée
Hier, ce n’était pas le cas. Excepté Pauleta, auteur de son 101e but en L1, les Parisiens n’ont jamais fait preuve d’un grand enthousiasme. Ils pensaient peut-être que leur solidité défensive suffirait à préserver un
score ouvert très tôt (2e). « Quand tu marques tôt, normalement c’est bien pour l’équipe, pensait Pauleta
après la rencontre. Aujourd’hui, c’est le contraire. Cette équipe manque encore d’activité. » Celle de Nice a su en revanche ne jamais se démobiliser et revenir au
score par la grâce de la poitrine de Rozehnal, malheureux buteur contre son camp (72e), et profiter
d’une rare errance défensive en fin de match (90e). « C’est peut-être le match qu’on mérite le moins de gagner depuis le début de saison, mais on prend ces trois points volontiers » , s’amusait Frédéric Antonetti,
qui n’a pas manqué de rappeler que depuis la reprise du championnat, Nice n’est pas verni.
L’entame de la rencontre lui inspira pourtant quelques craintes. Peut être était-ce dû à l’influence de Ladji
Doucouré, champion du monde du 110 mètres haies, invité à donner le coup d’envoi, mais Paris n’a pas
manqué son départ. Une grosse minute suffit à Pauleta pour s’évader du marquage laxiste de Yahia, couper de la tête le coup franc de Dhorasoo et ouvrir le score (1-0, 2e). Dans l’euphorie d’un début de match virevoltant, le buteur portugais plongeait et replaçait sa tête pour réceptionner un centre de Rothen. Cette fois, Traoré contrait (5e).
Après ces premières minutes intenses, le PSG s’essouffla. Le festival que laissait présager le début de
rencontre avait perdu quelques couleurs et ce ne sont pas les Niçois qui lui redonnèrent de la vigueur. Leur
première frappe n’intervint qu’au bout de vingt minutes, et Letizi convia un ramasseur de balle à aller récupérer le ballon parti bien loin. Jamais,Nice ne parvint à se procurer une occasion. Le Parc semblait s’endormir et une frappe de Kalou, bien servi par Pauleta, se brisa sur la transversale et le sortit de sa torpeur (45e+ 1).
« À la mi-temps, je leur ai dit de presser plus haut et d’arrêter de perdre des ballons trop facilement », expliquait Fournier. Son homologue rétorquait : « Moi, je leur ai dit qu’on avait notre chance, qu’il faudrait la saisir car on ne peut pas toujours repartir avec des regrets.» Deux discours concordants. Peu
dangereux, Paris n’était pas inquiété. Seul Baky Koné, par ses dribles virevoltants, faisait illusion. Le PSG
apparaissait sûr de son fait, sa défense brisait les attaques adverses et les Parisiens pensaient tenir leur troisième victoire de suite à domicile. Le scénario était écrit… Sauf que Mendy n’imaginait pas qu’une faute serait signalée à la suite de son tacle appuyé sur Bagayoko. Sauf que Letizi ne se doutait pas que Rozehnal couperait la trajectoire du coup franc de Vahirua qui suivrait (1-1, 72e). Nice égalisait et Fournier, sur son banc, devait ressasser les mots qu’il martelait
depuis le début de saison. Il trouve que ses joueurs ont une tendance à verser dans la facilité. Il en a eu, hier,
une nouvelle démonstration par l’absurde.
Lorsque Carlos Bueno entra un jeu (76e), un zest d’énergie s’insuffla. L’Uruguayen se voyait même en
sauveur, à la réception d’un centre de Landrin, mais les doigts de Grégorini le ramenèrent à la réalité
(86e). Et cette réalité devint brutale lorsque Balmont décala Bagayoko, qui battait Letizi de près (90e).
Conclusion d’Antonetti : « Paris est fort sur coups de pied arrêtés, va vite à la récupération, mais n’est pas bon quand il faut aligner des passes. »
Damien DEGORRE
L'Equipe