Presse :
Koné, la flèche ivoirienne
FIFAworldcup.com, le 29/08/2005 à 16h30
Si l’émotion risque d’être au rendez-vous dimanche prochain à Abidjan, elle pourrait bien être très forte pour un Eléphant en particulier. Quasi-inconnu il y a encore un an, Bakary Koné foulera sans doute la pelouse d’Abidjan pour aider son pays à se qualifier pour la première Coupe du Monde de la FIFA de son histoire en battant le Cameroun. Alors que le monde du football s’apprête à découvrir l’une de ses futures coqueluches, retour sur la fulgurante ascension de celui que l’on surnomme affectueusement ‘Baky’.
« Koné a toutes les qualités pour devenir un très grand joueur de football ». Après seulement quelques semaines d’entraînement, le coach de l’OGC Nice Frédéric Antonetti n’a d’yeux que pour sa nouvelle recrue. Il faut dire qu’en quittant Lorient et la Ligue 2 pour la Côte d’Azur et le championnat de France de première division, Bakary Koné a franchi avec brio un nouveau palier. Cinq apparitions sous le maillot azuréen, et le jeune (23 ans) Ivoirien a déjà fait taire tous les sceptiques quant à sa capacité d’adaptation.
En quelques actions époustouflantes, le natif d’Abidjan a démontré toutes les qualités qui font de lui l’un des plus grands espoirs du football africain. Le 6 août dernier, il recevait même les applaudissements d’une partie du Stadium de Toulouse après son but inscrit face aux locaux. Récupération sur le côté droit de la surface de réparation, première accélération pour se débarrasser d’un défenseur, une-deux avec un coéquipier puis seconde accélération pour éliminer deux nouveaux gardes du corps, le tout conclu par une frappe tendue du gauche en pleine lucarne opposée… Baky marquait ainsi son tout premier but parmi l’élite française.
Une semaine plus tôt, dès la première journée, il avait éliminé la moitié de la défense troyenne avant d’envoyer une frappe surpuissante que le portier adverse avait eu les pires difficultés à repousser. Qu’il est loin le temps ou Bakary Koné usait ses crampons dans les rues de Williamsville, un quartier d’Abidjan. Jean-Marc Guillou, l’ancien fondateur de l’académie de l’ASEC Abidjan se souvient : « Un jour, alors que je passais dans son quartier, des gamins m’ont arrêté. Ils criaient : “Y’a Pelé chez nous, vous devez le voir.” Koné est arrivé. Il était tout petit mais cela ne faisait aucun doute que c’était un bon. Je l’ai pris à l’académie après dix minutes d’essai. Je lui ai simplement dit que le nom de Pelé, ça n’irait pas. Il est devenu Baky, c’était mieux ainsi ».
Tout de suite sous le charme des qualités de Koné, Guillou va prendre le temps de tailler ce diamant brut comme il l’a fait pour Kolo Touré, Aruna Dindane ou Didier Zokora. Puis à l’image de ses glorieux aînés, il va le laisser voler de ses propres ailes. Surprise, c’est pour le Qatar et le club d’Al-Itthiad que Baky fait ses valises en 2002. Une simple étape dans un parcours voué à atteindre les sommets.
Dès l’année suivante, il rejoint la France et le championnat de Ligue 2 dans le club breton de Lorient. Sa première saison est à l’image de sa carrière : dans une phase ascendante. Il démarre mal puis s’adapte au fur et à mesure au niveau de jeu français. Il finit l’exercice avec dix buts en 33 rencontres. Mais c’est la saison 2004/2005 qui va révéler Baky aux yeux de tous.
Largement au-dessus de la plupart des défenseurs du championnat, il va éclabousser l’exercice de tout son talent et mettre à mal tous les adversaires de Lorient. Auteur de 24 réalisations en 35 matches, il termine meilleur buteur et est élu par ses pairs meilleur joueur de Ligue 2. Même si les Merlus manquent la montée, il ne fait plus aucun doute que Baky découvrira lui l’élite la saison suivante. Beaucoup se pressent mais c’est finalement Nice qui emporte la mise. Même s’il sait que le club azuréen ne jouera sans doute pas les premiers rôles cette année, Koné n’aspire qu’à évoluer étape par étape : « Je pense qu'il y a ici tout pour que je puisse m'épanouir. Je veux tout simplement poursuivre ma progression ».
Henri Michel : « C’est une bombe ! »
Une évolution qu’il espère également réaliser avec sa sélection. Appelé dès l’an dernier par Henri Michel, l’attaquant de poche (1m63, 61 kg) est dans les petits papiers du sélectionneur : « C’est une bombe ! Sur chaque contrôle, il élimine, frappe et se trouve déjà en position de marquer. On peut refaire dix fois la même action, il marquera à chaque fois car il est en plus très intelligent dans le jeu ». Mais pour l’heure, il ne peut lui garantir une place de titulaire : « Quand les défenseurs adverses sont un peu fatigués en fin de match, il constitue pour l’instant le joker idéal en sélection, susceptible d’aller marquer sur une accélération foudroyante ».
Gagner la confiance de son sélectionneur, et s’imposer aux côtés de Drogba ou Aruna, voilà en tout cas un défi à la mesure de Baky : « J'aspire comme tous les joueurs à remplir un autre rôle que celui de joker. Je veux montrer ce que je peux apporter à l'équipe sur un temps de jeu plus important. Je travaille pour cela et me suis fixé des échéances afin de pouvoir briguer une place dans le onze de départ. Mais si ce n'est pas le cas, c'est que le coach aura estimé que ce n'est pas encore le bon moment. Et comme à mon habitude je respecterai son choix ».
Avec une grande humilité, Baky Koné ne cache pourtant rien de son immense ambition. Le match au sommet de dimanche face au Cameroun, il y pense forcément. Une accélération, un dribble, une frappe qui trompe Kameni et donne la victoire à la Côte d’Ivoire : voilà ce dont il rêve. Les Camerounais n’ont plus qu’à se méfier car quand Baky veut, Baky peut…
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