Dans la Baie des Anges, le Racing tâchera de quitter la zone des relégables pour la première fois depuis longtemps. A six journées de la fin, une victoire devrait constituer un tournant décisif dans la lutte pour le maintien. Là , c'est le moment.
Personne ne sait ce qu'est devenu Robby Langers. C'est un tort. Car le nom de ce grand échalas luxembourgeois à la tignasse blonde est associé à l'une des plus pénibles et douloureuses dérouillées strasbourgeoises. Ce soir de mai 1990, au stade du Ray, le bourreau du Racing avait frappé quatre fois. En plein coeur.
Anéantis, ridiculisés - certains diront même, ouh ! le vilain mot, "achetés" -, les Bleus rétrocédaient aux Aiglons leur billet pour la Division 1 après s'être pourtant imposés 3-1 une semaine plus tôt à la Meinau. Six buts dans la musette, dont quatre du seul Langers en l'espace d'une mi-temps, le Racing se vautrait péniblement sur la dernière digue des barrages.
Habib Bellaïd n'allait que sur ses quatre ans
Aujourd'hui, on aimerait savoir si l'homme jouit d'une retraite calme et paisible, quelque part dans la prospérité du grand-duché. Ou alors si son fait d'arme lui a permis d'acquérir ad vitam eternam une petite masure sur la Côte d'Azur. Promenade des Anglais, là où le prix ne se discute plus sous 5000 euros au mètre carré... S'il n'a rien de mieux à faire ce soir, ce bon vieux Robby sera peut-être même dans les tribunes. Ne sait on jamais.
De cette soirée funeste et de cette hypothétique présence discrète, les hommes de Duguépéroux n'en ont pourtant cure. Et pour cause. Prenez Habib Bellaïd, par exemple. Le gamin qui s'évertue depuis trois matches à tenir la baraque en défense n'allait alors que sur ses quatre ans. Il ne connaissait rien au football ni du Racing.
Là , le défenseur a cerné les enjeux de la soirée. Alors que son équipe est revenue à deux points de Troyes, équipe qui occupe depuis un bail l'envieuse place de premier non relégable et se frotte à un Lyon light (sans Cris, Abidal, Clerc et Wiltord) en début d'après-midi, Bellaïd espère contribuer au redressement des siens. En cas de victoire, les Alsaciens pourraient fort bien sortir de la précarité dans laquelle ils sont plongés depuis la sixième journée.
« On est capables de marquer des buts contre de bonnes équipes, assure-t-il depuis l'expérience un brin frustrante mais rassérénante contre Lille (2-2). Pour s'en sortir, il nous faudra au moins une victoire à l'extérieur. C'est peut-être le bon moment. »
« Chacun essayera de se montrer à son avantage »
A priori, Nice a d'autres chats à fouetter. Dans deux semaines, les hommes de Frédéric Antonetti ont rendez-vous au Stade de France. Comme le Racing l'an dernier, ils disputeront la finale de la Coupe de la Ligue. Eux devront venir à bout de Nancy pour rêver d'une escapade européenne, rendue impossible à travers le championnat depuis leur dernier revers à Bordeaux. Il faut donc espérer qu'ils n'aient pas totalement la tête aux affaires courantes.
« Au contraire, je pense que chaque joueur essayera de se montrer à son avantage, prévient Duguépéroux, en connaissance de cause. A nous de trouver la rigueur défensive qui nous fait défaut. Avec elle, nous aurions aujourd'hui les points qui manquent. »
Il se trouve que le Racing n'a pas su jouer aux capitalistes quand le moment opportun s'est présenté. Ce matin, il ne voit que Troyes en rêve et reste toujours sous la menace de Metz, voire d'Ajaccio.
Bref, sa situation n'est pas reluisante. Au moins a-t-il prouvé ces dernières semaines que son combat est résolu. « Tous ensemble, tous ensemble, ouais, ouais... »
Sébastien Keller
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