Bakari Koné fait le bonheur de l’OGC Nice et des Éléphants de Côte d’Ivoire. Portrait du joueur le plus petit de Ligue 1 qui, avec son mètre soixante-trois, a vraiment tout pour devenir un grand !
Si l'on s'en tenait aux canons du football moderne, Bakari Koné n'aurait jamais dû être footballeur professionnel. S'il était passé devant un chargé d'orientation du sport, on lui aurait sans doute proposé de devenir jockey. Mais certainement pas buteur ! Et pourtant, avec son mètre soixante-trois et ses soixante kilos, « Baky » s’est accroché. « Des "tu ne réussiras jamais dans le foot", j’en ai en entendu pas mal. Si j’avais écouté certaines personnes, j’aurais arrêté de jouer depuis longtemps ! ». Mais le natif d’Abidjan n’est pas du genre à se laisser faire. Rien ni personne ne pourra l’empêcher de toucher son rêve : devenir footballeur et porter le maillot des Éléphants. A 13 ans, le jeune Koné a la chance d’être repéré par Jean-Marc Guillou, qui dirige l’Académie Mimosas d’Abidjan, un formidable pépinière de talents.
Tour de chauffe au Qatar
Il fait ses gammes sous l’égide du technicien français et intègre l’équipe première à seulement 17 ans. Avec l’ASEC Abidjan, il remporte la Super Coupe d’Afrique et trois titres consécutifs de champion de Côte d’Ivoire. Il s’éclate sur le terrain et ravit les supporters. « A l’ASEC, j’avais un rôle de joker. Je rentrais dans la dernière demi-heure et à chaque fois, je marquais au moins un but », explique, malicieux, l’attaquant niçois.
Mais très vite, la Côte d’Ivoire devient trop petite pour le buteur de poche, qui souhaite partir pour progresser dans un club étranger. Il rêve d’Europe, mais le président de l’ASEC lui explique qu’il est trop juste physiquement et qu’il ne pourra jamais s’imposer. Il fait signer Baky au Qatar, dans le club de Al-Ittihiad. Alors que la majorité des joueurs qui partent dans ce riche pays sont en fin de carrière, Koné va connaître un sort tout à fait différent. Son passage au Qatar va en effet donner un formidable coup d’accélérateur à sa vie de footballeur. Il rencontre le technicien français Christian Gourcuff, qui lui trouve beaucoup de qualités. Quand le Breton prend les rênes de Lorient en 2003, il décide de faire signer immédiatement Koné chez les Merlus. Et là , tout se passe comme dans un rêve. La première saison est difficile, mais l’attaquant ivoirien parvient à s’adapter et inscrit tout de même 10 buts.
Mais ce n’est rien comparé à la saison 2004-2005 : Baky va faire parler la poudre sur tous les terrains de L2. Il devient la terreur des défenses et marque 24 buts, souvent magnifiques car l’homme, même s’il s’en défend, est un goleador spectaculaire : « Pour moi, un but est un but, que ce soit une reprise de volée ou une frappe du pointu dans les six mètres, explique-t-il. Tout le reste n’est que littérature. J’aime marquer, mais je préfère encore réaliser la dernière passe à un de mes coéquipiers ! »
Le petit prince de l’OGCN
Il est élu Meilleur Joueur de L2 et attise les convoitises de nombreux clubs de L1. Saint-Etienne et Lille sont sur les rangs. Mais durant l’été 2005, c’est finalement l’OGC Nice qui remporte la mise lors d’un transfert estimé à 2 millions d’euros. Il a choisi les Aiglons, sensible au projet sportif et humain de ce club qui veut grandir dans la durée. Il quitte Lorient à regret (« une belle ville, sympa et agréable »). Il ne laissera que de bons souvenirs chez les Merlus, où son humilité et son sens du but auront fait rêver les supporters. A Nice, les débuts sont un peu difficiles, mais Baky s’accroche. « J’ai un mental d’acier, explique-t-il. On peut même dire que sur le terrain, je suis un teigneux. Bien sûr, j’évite de prendre des coups, mais le combat physique ne me fait pas peur. » Aligné à la droite de l’attaque niçoise, dans un système en 4-3-3 qui ne lui convient guère, Koné peine à retrouver l’efficacité qui était la sienne la saison dernière. Pourtant, il marque tout de même et n’est pas pour rien dans le parcours honorable de l’OGC Nice.
Où s’arrêtera-t-t-il ?
Mais le prochain grand défi du petit lutin d’Abidjan est bien entendu la Coupe du monde avec la Côte d’Ivoire, à laquelle il compte bien participer, même si la concurrence est rude à la pointe de l’attaque de l’équipe dirigée par Henri Michel. Il gardera un souvenir mitigé de la CAN 2006 où il n’a que peu joué. En finale, il a surtout raté son penalty lors de la séance des tirs au but. Tout comme son aîné et modèle, Didier Drogba. Un affront qu’il compte bien laver en Allemagne. Henri Michel dit de lui qu’il est « un joueur miniature qui sème la panique lorsqu’il est lancé ». Si le sélectionneur l’emmène dans son groupe, le buteur de Nice pourra montrer aux yeux du monde qu’on peut être un grand footballeur en ne mesurant que 1,63 mètre. Avec un peu de chance, il marquera un des buts spectaculaires dont il a le secret. Et il tapera dans l’œil des recruteurs de Barcelone, le club de ses rêves. Le fabuleux destin du joueur le plus petit de L1 n’a sans doute pas fini de nous surprendre !
Bruno Godard
Onze Mondial