Le contentieux ou le jeu ?

Un peu plus d'un mois après la victoire houleuse (1-0) de Nice sur Nancy, au Stade du Ray, marquée notamment par un pugilat en fin de match, Azuréens et Lorrains se retrouvent samedi (en direct sur notre site dès 20h45) en finale de la Coupe de la Ligue, 28 ans après la finale de Coupe de France remportée par la génération Platini face aux Aiglons. Alors que de part et d'autre, on affirme que la hache de guerre est bel et bien enterrée, reste à mettre les intentions en application pour que la fête du Stade de France soit totale.

Des sommets d'intensité entre Niçois et Nancéiens... Pas une seule voix dissonante. Pas un seul acteur de cette finale de la Coupe de la Ligue 2006 pour jeter de l'huile sur le feu, à l'image d'Olivier Echouafni: "C'est complètement oublié. Il y a des choses qui ont dépassé les bornes mais c'est loin derrière nous maintenant. On ne pense plus du tout à ça." L'heure est à l'apaisement entre Nancéiens et Niçois. Un peu plus d'un mois après leur deuxième confrontation de la saison (*), au stade du Ray, match à l'ambiance détestable, truffé de mauvais coups en tout genre et conclu sur la victoire (1-0) des Azuréens mais sur la défaite du fair-play totalement piétiné à la fin du match par les deux équipes à l'occasion d'un retour aux vestiaires transformé en bagarre générale ou presque.

Sarkisian, l'attaquant uruguayen de l'ASNL, dont les propos auraient mis le feu aux poudres au point d'être pris pour cible par Rool, le Lorrain Gavanon giflé par Bagayoko à moins que ce ne soit Gavanon qui ait agressé Varrault, le tout sous l'œil complaisant ou non des deux bancs: longtemps, les versions vont différer d'un camp à l'autre, chacun des deux clubs, par la voix de ses entraîneurs, se renvoyant la responsabilité de ce dérapage général. Jusqu'à la décision disciplinaire de la Ligue qui choisissait de blanchir Rool et Sarkisian mais désignait Gavanon comme étant à l'origine des incidents. Un match ferme pour le milieu de terrain nancéien et les deux clubs se quittaient, certainement pas en bons termes, ni bons amis...

Trajectoires opposées

Depuis ce triste soir sur la Côte, sans jamais perdre de vue leurs retrouvailles à venir au Stade de France, Nice et Nancy ont emprunté des trajectoires bien différentes en championnat, les hommes de Correa continuant à dilapider journée après journée le bénéfice du parcours qui les avait jusque-là assurés du maintien – trois points pris sur douze possibles – tandis qu'Antonetti et ses joueurs ne lâchaient rien et dépassaient même les Lorrains au classement – à égalité avec l'ASNL au soir de leur confrontation de la 29e journée, Nice 9e distance aujourd'hui Nancy 14e de cinq points. Boosté par son parcours et sa qualification en demi-finale, à Louis II, face à Monaco (1-0), Nice s'est envolé. Obnubilé par son retour dans une finale nationale depuis... vingt-huit ans, Nancy a plongé.

Par-delà le contentieux, le seul plan du jeu consacre donc Nice comme le favori de ce tremplin vers l'Europe et la Coupe de l'UEFA, récompense qui attend le vainqueur samedi soir à l'issue de la finale. Les dernières sorties des deux équipes en Ligue se sont avérées de ce point de vue édifiantes. Alors que Nice mettait fin à l'incroyable série d'invincibilité rennaise dans son antre du Ray (2-1) grâce à son capitaine Pancho Abardonado, Nancy touchait le fond au Vélodrome face à l'OM (0-6).

Trop gros pour être vrai? Tous les supporters lorrains voudraient y croire, Frédéric Biancalani le premier lorsqu'il affirme que la déroute marseillaise a eu l'avantage de "remettre les pieds sur terre à son équipe". Mais l'avantage psychologique pris par les Aiglons, dont le parcours par ailleurs, comparé à celui des Lorrains entièrement réalisé à domicile, impressionne (2-1 face à Bordeaux et 1-0 à Monaco), le 18 mars dernier n'en est pas moins indéniable. Pour autant, Frédéric Antonetti, l'entraîneur niçois, écarte tout excès d'optimisme: "Lorsque l'on prend une raclée, en général on a envie de rejouer rapidement pour réagir, pour montrer à tout le monde que l'on vaut mieux que ça et que ce n'était qu'un accident. Parfois l'excès de confiance peut nuire, j'ai mis en garde mes joueurs. Depuis deux mois Nancy prépare également cette finale, il ne faut pas tenir compte plus que ça des derniers matches."
On repart donc d'une page blanche, contentieux y compris. Devant 80 000 spectateurs et pour mieux indiquer aussi la voie de la sagesse aux protagonistes d'une autre finale, de Coupe de France, celle-là, entre PSG et l'OM, tout autre spectacle qu'un match loyal et correct viendrait gâcher le travail de deux clubs à classer au rang des bonnes satisfactions de la saison.

Vingt-huit ans après...

Car s'ils seront adversaires samedi soir, Nancy et Nice partagent la même ambition, à la mesure de leurs modestes moyens, de se stabiliser dans l'élite. Et pour chacun des deux clubs, cette finale constitue une occasion d'accélérer le mouvement, tout comme le sera pour Nice la construction d'un futur stade de 33 000 places: "J'espère que l'on sera à la hauteur c'est tout, martèle Antonetti. J'ai plein de finales en tête que j'ai vu à la télé qui ont été de vraies "starters" (sic) pour des clubs, l'occasion de passer à la vitesse supérieure. Ou l'inverse. Comme Nice en 1978..."

La référence n'a rien d'innocent. Cette année-là, Nancy décrochait face aux Aiglons, dans le sillage de la génération Platini, le seul et unique trophée à ce jour de son histoire tandis que Nice, après ce coup d'éclat, retombait dans l'anonymat avant d'être relégué trois ans plus tard... En finir avec le yoyo de la relégation et s'affirmer comme un acteur majeur de la L1: voilà au moins un terrain d'entente pour Nancy et Nice...

(*) Au match aller en Lorraine, Nancéiens et Niçois s'étaient quittés sur un score nul et vierge (0-0).

Sylvain LABBE
Sports.fr