Vainqueurs de Nice (2-1) samedi soir au Stade France, les Nancéiens se sont offert la Coupe de la Ligue 2006. L’ASNL ramène ainsi son premier trophée depuis la Coupe de France 1978, déjà remportée aux dépens des Aiglons.
22 acteurs sans génie
Connue plus de deux mois avant la date fatidique du 22 avril, l’affiche de cette finale de la Coupe de la Ligue version 2006 ne promettait pas un spectacle des plus haletants. La rencontre entre Nice, 10e de Ligue 1, et Nancy, 14e de ce même championnat, n’aura effectivement pas réconcilié les amateurs d’un football offensif où la prise de risques ne doit pas être réservée aux 10 dernières minutes. Si les Niçois remportaient d’entrée de match la bataille des tribunes grâce à des supporters certes un poil moins nombreux mais bien plus bruyants, la bataille restait équilibrée sur le terrain. Très peu d’enchaînements, pas d’occasions de but, l’enjeu crispait quelques peu deux formations bien trop prudentes pour enflammer la partie. Les Niçois se faisaient pourtant surprendre sur la première action nancéienne. La volée à 15 mètres de Bérenguer était repoussée par Lloris, mais Zerka avait suivi et ouvrait le score d’un plat du pied à ras du sol. Un coup franc de Bellion avant la pause frôlait le poteau de Sorin, mais c’était trop peu pour espérer un retour au score.
Marama Vahirua remettait tout de même Nice sur le bon chemin dès l’entame de la seconde période. Après un déboulé de Koné, le Tahitien récupérait la balle à 25 mètres et régalait le public d’une splendide frappe enroulée dans le petit filet lorrain. Le match paraissait ensuite totalement basculer lorsque Monsieur Layec sortait un 2e carton jaune pour Puygrenier. Celui-ci n’était pas forcément mérité mais toujours est-il que l’ASNL allait devoir jouer à dix pendant près d’une demi-heure. Incapables de profiter de l’avantage numérique, englués dans un système de jeu trop systématique et jamais inventif, les Niçois allaient rapidement plier. Le coup franc de Gavanon était repris de la tête par Kim, qui devançait Traoré pour donner l’avantage à son équipe et ainsi donner le tournis à la moitié blanche du SDF. Malgré deux buts refusés pour hors-jeu, un coup franc de Bellion bien repoussé par Sorin et de timides poussées dans les derniers instants, les hommes de Frederic Antonetti n’ont jamais été véritablement en mesure de forcer leur collectif pour inquiéter la défense adverse.
Nancy en UEFA
L’ASNL succède ainsi à Strasbourg et remporte son premier trophée depuis cette fameuse Coupe de France 1978 acquise grâce à un but du grand Michel Platini, déjà aux dépens de l’OGC Nice. Le coach nancéien, Pablo Corréa, ne pouvait évidemment contenir sa joie à l’issue de la remise du trophée : «C’est quelque chose de grand. Il y avait 40 000 supporters nancéiens au Stade de France, je suis fier de ce qu’on a fait pour eux. On se disait que si on ne remportait pas le trophée, la fin de championnat allait être difficile mais en ayant conscience de la chance qu’on avait d’avoir déjà assuré le maintien. On est sauvé depuis début février et ce soir on gagne la Coupe de la Ligue. Pour moi, tout cela est mérité !», nous déclarait celui qui a redonné des couleurs au club lorrain.
Dernier de Ligue 2 à l’automne 2002, Nancy filait alors tout droit vers une saison galère. Moussa Bezaz remercié, c’est le technicien uruguayen qui prenait l’équipe en main. Une aubaine pour le club. La méthode Correa porte ses fruits deux saisons plus tard, lorsque le club lorrain devient champion de France de L2. De retour dans l’élite depuis cette année, les coéquipiers de Cédric Lécluse ont montré qu’ils n’étaient pas là par hasard. Cette victoire en Coupe, acquise grâce à des victoires sur Sochaux (1-0), Lorient (1-0), Ajaccio (1-0), Le Mans (2-0), puis Nice (2-1), prouve également la solidité (un seul but encaissé lors de cette épopée) et la crédibilité de l’organisation mise en place. Au même titre que Lorient, Gueugnon ou Châteauroux, tous auteurs de bons parcours dans les coupes nationales ces dernières années, Nancy représentera la France l’an prochain en Coupe UEFA. Une donnée essentielle qui devra permettre aux dirigeants nancéiens de recruter à bon escient.
De l’autre côté, c’est bien sûr la déception et l’amertume qui l’emportaient. Finalement prêt malgré une blessure contractée au début du mois, Sammy Traoré nous résumait parfaitement la partie niçoise : «On ne peut avoir que des regrets quand on passe au travers comme on a pu le faire en première mi-temps. Je pense qu’on leur a donné le match, ce ne sont pas les Nancéiens qui sont allés le chercher. Ils ont été fidèles à leurs habitudes de jeu, solides défensivement. Ils ont essayé de nous prendre en contre. Malheureusement, on a encaissé un premier but sur une erreur défensive et le deuxième sur un coup de pied arrêté…C’est dur mais c'est le football.» Malgré quelques coups de feu de Koné, une frappe sublime de Vahirua et l’activité de Balmont au milieu, Nice a cruellement manqué de liant, le porteur du ballon ne trouvant quasiment jamais de solution à l’approche du but adverse. Le club du président Maurice Cohen, en attente d’un titre depuis la victoire en Coupe de France en 1997, repart bredouille de la capitale. Les regrets niçois ne sont pas près de s’envoler.
Valentin Deudon
Sport24