ÉCHEC. Les Azuréens, qui semblaient a priori posséder davantage d’arguments que Nancy, ont perdu une occasion d’être en avance sur leurs objectifs, qui prévoient une participation à une Coupe d’Europe au moment de la livraison du nouveau stade, fin 2007.
Comme une pièce de monnaie, une finale de Coupe possède deux faces, l’une pour la victoire, l’autre pour la défaite. Malheureusement pour eux, c’est sur le mauvais côté Cque sont tombés, samedi soir, les Niçois, pourtant poussés avant le match par un destin qui semblait un peu plus favorable que celui de leurs adversaires. Une semaine auparavant, un mistral de force 6 (6-0) avait en effet emporté, au Stade-Vélodrome, des Nancéiens sans doute distraits par la proximité de leur rencontre à venir face aux Azuréens. Mais cet échec taille XXL, regardé comme un accident, était surtout venu se greffer sur une série en cours de deux défaites et six résultats nuls en Ligue 1. De son côté, Nice avait préparé son rendez-vous en éjectant Rennes (2-1) de son nuage de réussite et en abrégeant sa belle série de huit succès consécutifs. En plus de cette rassurante victoire de prestige, le Gym pouvait se prévaloir avant la finale d’une montée en puissance au niveau du jeu, symbolisée par un milieu en losange constitué par Echouafni, Balmont, Rool et Vahirua. Mais, malgré ces promesses, la pelouse du Stade de France ne conservera pas une empreinte éternelle de la prestation niçoise. Surtout en première période, pendant laquelle les hommes de Frédéric Antonetti ont paru jouer comme des Aiglons sans ailes. « Cette première mi-temps, on l’a complètement ratée, avoue le coach de l’OGCN. On n’a pas assumé le fait que tout le monde nous avait donnés favoris avant la finale. On a d’ailleurs pu s’en apercevoir à travers les trois premiers ballons joués. On n’a donc pas vu le vrai Nice pendant la première partie du match, notamment en raison du manque d’expérience de l’effectif. On l’a un peu plus vu après.» Pas suffisamment, cependant, alors que Nancy a très vite payé d’une expulsion le prix
d’un engagement physique que n’auraient pas renié, en ces même lieux, quelques formations de rugby britanniques. La supériorité numérique découlant de ce carton rouge sembla alors dérouler le tapis de la victoire aux pieds des Niçois. « Hélas ! Nancy a marqué très vite après l’expulsion de Puygrenier, déplore Frédéric Antonetti. Si l’on n’avait pas pris ce but (de Kim) sur coup franc, les choses auraient tourné en notre faveur. Mais ce but est venu trop tôt et a changé la donne. Audelà de ces considérations, je dirai que Nancy a joué son jeu, pas nous. Je suis très déçu mais pas abattu. »
L’attaquant David Bellion semble, lui, naviguer entre ces deux sentiments : « Ce que je ressens, ça ne se décrit pas, explique l’ancien joueur de Manchester United. J’ai un noeud à l’estomac. Pourtant, ce succès, on le voulait. Et je ne pense pas que le fait d’avoir été présentés comme les favoris nous a gênés. On n’avait pas de pression, on a pris le match comme on prend tous les autres. Mais, voilà , on est tombés sur une équipe agressive, qui est joyeuse quand elle joue. Face à elle, on s’est peut-être réveillés un peu trop tard. »
BELLION : « C’EST UN GROUPE QUI VA MÛRIR »
Dans ces cas-là , tous les vaincus ont la gueule de bois, sans même pouvoir savourer l’ivresse de la victoire. « C’est très difficile psychologiquement, confirme Sébastien Roudet. Mais j’espère qu’on va repartir du bon pied. » Surtout que trois matches de Championnat attendent encore les Niçois, qui sont pour le moment au milieu du gué, en plein ventre mou du classement de Ligue 1. Alors, Frédéric Antonetti veut se persuader que l’objectif de terminer dans la première moitié de tableau peut empêcher le soufflé de la motivation de retomber trop tôt, bien avant le baisser de rideau de la saison. « On veut terminer parmi les dix premiers, dit-il. Il va falloir rebondir, trouver les mots. » Ceux de David Bellion épousent lemême discours volontariste : « Entre la dixième et la sixième place, c’est serré. » La marge qui sépare toutes ces formations est sans doute plus grande que celle existant entre une victoire et une défaite en finale de la Coupe de la Ligue, entre une coupe que l’on hisse vers le ciel et des bras que l’on baisse de dépit.
Surtout qu’un succès, au-delà de la joie immédiate qu’il enfante, aurait permis au club azuréen d’être en avance sur le calendrier de ses objectifs, puisqu’il veut être européen au moment de l’entrée dans le futur grand stade, qui verra le jour entre fin 2007 et début 2008. « On aurait pu gagner du temps, regrette le coach niçois. Nice est un club qui veut grandir. Cette défaite constitue donc un coup d’arrêt. Mais l’échec fait partie de la vie d’un club. Il va falloir l’analyser. »
Et se tourner vers un avenir que David Bellion imagine bercé par la réussite, lui qui vient de s’engager avec Nice jusqu’en 2010. « J’ai vraiment envie de connaître une aventure avec l’équipe de Nice. Je sais que c’est un groupe qui va mûrir. En outre, il va y avoir un nouveau stade. Il reste aux joueurs à se connaître davantage, à grandir ensemble. » Mais, pour l’instant, il leur manque encore les centimètres qui permettent de toucher les étoiles, un soir d’avril à Saint-Denis.
Vincent VILLA
France-Football