TECHNIQUE. Parfaitement organisé en 5-3-2, dans un système bâti par Pablo Correa pour attendre et contrer l’adversaire, Nancy a tactiquement mieux géré sa finale que Nice. Même à dix contre onze.
Ainsi donc, vingt-huit ans après avoir Asoulevé la coupe de France, Nancy a remporté la Coupe de la Ligue contre le même adversaire, Nice. Difficile, pourtant, de trouver de frappantes similitudes entre
les deux finales. Si celle de 1978 avait été marquée par le seul génie de Michel Platini, buteur unique, celle de 2006 retiendra essentiellement l’organisation infaillible et le réalisme désarmant d’une équipe lorraine, pourtant intrinsèquement moins talentueuse que son adversaire d’un soir.
Samedi soir, l’ASNL n’avait ni Marama Vahirua ni Baky Koné dans son effectif. Mais elle a gagné parce qu’elle a su reproduire le jour J ce qu’elle sait faire de mieux : défendre et contre-attaquer, casser le jeu adverse jusqu’à pousser ses rivaux à l’énervement ou au découragement et, pour finir, s’arc-bouter devant son but en infériorité numérique sans jamais rompre. Une surprise ? Pas vraiment. Cette finale résume même parfaitement la saison nancéienne, sans génie,mais d’une implacable efficacité. Un coup d’oeil sur les chiffres et sur les précédents résultats aurait pourtant dû alerter les Niçois, à condition qu’ils ne s’arrêtent pas sur l’insignifiant 6-0 récemment encaissé à Marseille par des joueurs lorrains totalement démobilisés.
ÉTOUFFER ET CONTRER L’ADVERSAIRE
Nancy est une formation extrêmement difficile à jouer, et plus encore pour les équipes présumées supérieures, et donc supposées prendre le jeu à leur compte. Sur ses onze victoires de la saison en Championnat jusqu’ici, l’ASNL en a d’ailleurs remporté une de plus à l’extérieur (six) qu’à domicile (cinq), et pas contre n’importe qui, puisque figurent notamment à son tableau de chasse en déplacement Saint-Etienne (0-2, 8e journée), Auxerre (0-1, 19e journée), Lens (1-2, 21e journée), et Rennes (0-2, 23e journée). Comme la plupart des promus avant lui, le club lorrain a beaucoup misé sur une défense agressive et appliquée pour relever le challenge du maintien. Dépourvu de star, il s’est mué en hérisson, bannissant parfois le spectacle de son jeu (sept 0-0 à son actif en L1 depuis le début de la saison, dont six depuis la trêve) pour mieux préserver son but et se donner l’opportunité, sur un ou
deux contres rondement menés par des milieux ou attaquants jaillissants, d’estourbir l’adversaire.
Nancy n’avait aucune raison de changer ses méthodes contre Nice, et il ne l’a pas fait. Fidèle à ses préceptes, l’entraîneur, Pablo Correa, a parié sur un système de jeu en 5-3-2 : cinq défenseurs en ligne, dont trois axiaux pratiquant la zone (Puygrenier, Diakhaté et Lécluse) ; trois milieux de terrain positionnés assez bas pour éviter de donner du champ et de la profondeur aux accélérateurs type Balmont du milieu adverse (Duchemin, Gavanon et Berenguer) ; et deux attaquants, dont l’ancien défenseur reconverti Moncef Zerka, chargé, en phase défensive, de gêner la progression d’Echouafni, le régulateur du jeu des Aiglons.
Ainsi érigé, l’ASNL a totalement étouffé son adversaire. Elle lui a donné des coups aussi, même si, dans ce domaine-là , elle n’est pas tombée sur un ingrat. En début de match, les spectateurs du Stade de
France n’étaient pas tous assis que Koné gisait déjà au sol, l’épaule en vrac, abattu en pleine course aux abords de la surface nancéienne sur des airs de « t’as vu ce qui t’attend si tu recommences ? » L’Ivoirien rééditera pourtant une fois sa percée, après la pause, amenant même l’égalisation niçoise de Vahirua. Mais, pour une action tranchante et gagnante, combien d’attaques avortées, de ballons renvoyés ou interceptés, et de fautes commises par l’impressionnant bloc défensif lorrain ? Même à dix contre onze, après l’expulsion de Puygrenier à l’heure de jeu – qui a confirmé la règle selon laquelle Nancy ne finit jamais au complet contre Nice cette saison –, l’ASNL a tenu, attisant au fil des minutes le sentiment d’impuissance et la frustration des joueurs d’Antonetti. Car, comme les Lorrains ne sont ni maladroits en contre, ni sur coup de pied arrêté, ils ont aussi marqué deux buts. Et deux pions inscrits par une équipe qui presse et défend aussi bien, c’est au moins un de trop pour l’adversaire.
Laurent CAMPISTRON
France-Football