Les Girondins sont parvenus à renouer avec la victoire face à Nice hier. Mais ils ont joué une partie d'une faiblesse inattendue, alors qu'on les espérait fringants après quinze jours de trêve
Bordeaux s'est découvert une nouvelle coqueluche. Il a pour nom Geraldo Mauricio Da Silva et porte le joli surnom de Wendel. Sans leur jeune brésilien, malicieux comme un bambin des favelas, les Girondins auraient sans doute vécu une drôle de déconvenue. Menés 1-0, ils sont parvenus à reprendre l'avantage en deux minutes, sur deux coups magiques de leur recrue. Ils l'emportèrent ensuite 3-2, signant une troisième victoire, plus que laborieuse, qui leur permet de reprendre au championnat une place un peu plus digne de leurs ambitions.
Mais ce succès sans saveur pose plus de questions qu'il n'apporte de satisfactions. On attendait des joueurs fringants, séduisants, reposés par presque quinze jours de trêve. On ne vit que des hommes apathiques, sans punch, sans force de percussion, qui jouèrent une partie faiblissime, indigne de la L1 où l'on poussa plus la balle qu'on ne partit à l'assaut de la cage adverse. Ils ne se procurèrent d'ailleurs pratiquement aucune autre occasion que celles qui amenèrent les trois buts.
Canicule. Certes, la chaleur torride qui régnait sur la Gironde joua un rôle essentiel hier. Mais elle ne sembla guère gêner les Niçois, qui évoluèrent avec vivacité tout au long de la première période, témoins les jolis rushes de Koné ou Bellion. C'est ainsi qu'ils ouvrirent le score, sur un joli coup franc d'Ederson, une sortie ratée de Ramé et un ascenseur de Varrault sur Marange (29e). On se demandait comment les Bordelais allaient se sortir de ce mauvais pas, lorsque Wendel sortit son numéro, avec une passe décisive pour Darcheville (43e) et un but deux minutes plus tard, sur un tir contré par Balmont (45e). Merci Wendel !
Par la suite, les hommes de Ricardo aggravèrent le score sur un penalty de Darcheville, sifflé pour une faute de Varrault sur Faubert (69e). A 3-1 les Girondins qui trottinaient aimablement à l'ombre de la tribune ouest eurent le tort de croire le match en poche et de ne plus rien tenter d'autre que des passes gentillettes et inoffensives, au frais. Car Nice, avec l'entrée de Vahirua, retrouva peu à peu des couleurs. Et réduisit le score sur un penalty d'Ederson, consécutif à une faute grossière de Marange sur le Tahitien, commise en dehors de la surface.
Ricardo a donc fait les bons choix, puisque Bordeaux l'a emporté. Reste que jusqu'au but de Darcheville, repositionné dans l'axe, on pouvait se poser la question, compte tenu de la faiblesse offensive de l'ensemble. En prévision de Galatasaray, il avait laissé sur le banc l'un de ses attaquants, Chamakh, joueur à la combativité exemplaire, et placé son meilleur buteur, Faubert, au poste d'arrière droit, pour évoluer avec le seul Darcheville en pointe, cela face à l'une des plus mauvaises défenses du championnat. La suspension de Jurietti prouve en tout cas son peu de confiance envers Henrique, dont on pouvait attendre la rentrée.
Micoud en question. Mais se passer de l'atout Faubert pouvait paraître incongru, jusqu'aux deux superbes minutes de Wendel, décisives dans la quête de la victoire. Reste que le milieu international prouva ensuite, en obtenant le penalty au bout d'un rush initié par Mavuba, à partir d'une position de milieu, qu'il demeurait, à ce poste, un argument de poids, par sa force de percussion, sa détermination, dans l'animation du jeu offensif de son équipe. Choisir de ne pas s'en servir constituait une sorte d'affaiblissement.
Le match d'hier a également mis en lumière les limites de Johan Micoud, dont la faible prestation interpella les spectateurs de Chaban-Delmas. Ecrasé de chaleur, bien pris par Diakité qui ne lui laissa aucune liberté, l'ancien joueur du Werder n'apporta rien à son équipe. On crut revoir le Micoud de 1999-2000, plus souvent transparent que génial, plus souvent fantomatique que lumineux. Bordeaux remporta la victoire sans lui, car ses camarades, peut-être lassés de son rythme, préférèrent d'autres choix. Comme Ducasse, qui transmit le ballon directement à Wendel sur le but égalisateur. Comme Mavuba, qui lança idéalement Faubert, sur le troisième but.
Enfin, se pose la question de la solidité d'une défense qui a encore pris deux buts. A cet égard, il sembla que la solidarité sans faille de la saison dernière s'est quelque peu lézardée même si objectivement le premier but n'était pas valable et si la faute sur le deuxième a été commise en dehors de la surface. « Il faudra vraiment que l'on gère mieux nos matches », observa Darcheville ensuite, qui sait trop que Bordeaux ne pourra pas toujours marquer trois buts.
Thierry Vautrat
Sud-Ouest