L’entraîneur de Nice vit mal le mécontentement des supporters et s’agace de ne pas voir son travail reconnu.
SAMEDI DERNIER, lors du derby à zéro but contre Monaco, la tribune de la brigade sud de Nice a grogné. Sur une banderole (« Sept ans de maintien : basta ; on veut l’Europe ») et par oral, avec « Tchoa », l’ambianceur par mégaphone. « On a l’impression d’aller au stade pour rien, qu’il n’y a plus rien à espérer, qu’on ne joue pas pour accrocher l’Europe, dit-il. On est un peu blasés.» Face à cette frustration populaire, Frédéric Antonetti, l’entraîneur, grimace : « Il y a une atmosphère que je regrette un peu. J’ai l’impression qu’on est Le Havre, qu’on est relégables. On est huitièmes et personne n’est content. » En fait, tout Nice est content de ne pas avoir la frousse de la L 2 à onze journées de la fin et se réjouit d’être le plus modeste budget de la L 1 en partant du haut. Mais Nice n’est pas totalement heureux, parce que l ’Europe,aujourd’hui à neuf points, semble audessus de ses forces et que la bavure contre Vannes (L 2) en demi-finale de la Coupe de la Ligue (1-1, 3-4 aux t.a.b.) ne s’éponge pas aisément. Et parce que l’Europe peut aussi être un danger.
Letizi : « Il ne faut pas croire qu’on s’endort »
Pour Antonetti, c’est quasi certain, avec ses moyens actuels, la santé de Nice en L 1 souffrirait de l’Europe, et il n’a pas vraiment envie d’en pâtir par ricochet. « Comme a dit un jour Guy Roux, la L 2 est pleine d’équipes qui voulaient jouer l’Europe, remarque l’entraîneur niçois. Pour moi, le mieux est l’ennemi du bien. Bien sûr que je veux jouer l’Europe ou les premiers rôles, je comprends très bien cette envie, mais ça se prépare. Lyon ou Rennes n’ont pas joué l’Europe du jour au lendemain. L’année où je suis parti de
Bastia (2001), c’était le même climat. Et à l’époque, en janvier, j’avais dit que si on ne se qualifiait pas pour l’Europe, je partirais. On avait fini huitièmes, avec l’Intertoto, mais, pour moi, l’Intertoto, ce n’était pas vraiment être européen. »
Et il s’était échappé. « On comprend que les supporters aimeraient qu’on vise autre chose, observe le gardien Lionel Letizi, 35 ans. Mais le club n’avait pas connu une période aussi stable depuis bien longtemps, les gens en poste font leur maximum et on ne peut faire autrement que de prendre notre mal en patience, en attendant le nouveau stade, synonyme de nouvel essor (promis pour 2013). Quant à l’Europe, pour moi, ce ne serait pas forcément insurmontable dans l’immédiat. Ça dépend comment on l’aborde. Et il ne faut pas croire que nous, joueurs, on s’endort. Si on peut se rapprocher de l’Europe, on ne va pas se gêner, même si on a raté un chemin plus court avec la Coupe de la Ligue. »
Johan RIGAUD
L'Equipe