Depuis trois saisons, Renato Civelli s'est imposé comme la pierre angulaire de la défense centrale de l'OGC Nice. Pour Football.fr, le roc argentin a livré ses impressions sur la situation précaire de son équipe, mais a également évoqué ses souvenirs à l'OM, son rêve de découvrir la sélection argentine et son envie de découvrir le championnat italien.
- Renato, trois jours après la victoire face à Valenciennes (2-0), lors de la 18e journée de Ligue 1, quel est le sentiment qui règne au sein de l'OGC Nice ?
Forcément quand les résultats ne sont pas là , on ne se sent pas très bien. On a connu des moments heureux, des moments moins heureux, et là c'est un moment très dur. Il ne faut pas baisser la tête et continuer les efforts.
- Eric Roy a été limogé il y a deux mois, selon-vous qu'est ce qui n'a pas marché avec lui ?
Sincèrement, il ne nous manquait pas grand chose. Peut-être qu'il ne manquait qu'un détail, que l'on essaye de régler en ce moment avec René (Marsiglia, ndlr). On continue à travailler comme on l'a toujours fait. Parfois c'est la faute de l'entraîneur, d'autres c'est la faute des joueurs... Ce qui est sûr, c'est qu'avec trois points de plus on serait dans le milieu de tableau. Finalement ça ne tient à rien. Pour une frappe que l'on manque on est relégable et pour une frappe qui rentre on est 10e... Dans le football, tout va très vite, on le sait. C'est la raison pour laquelle il ne faut pas s'enflammer quand tout va bien et ne pas dramatiser quand ça va mal.
- Quels sont les changements que vous avez noté entre le fonctionnement d'Eric Roy et celui de René Marsiglia ?
(Un brin agacé) Non je ne veux pas commencer à faire des comparaisons entre les deux coaches. Ce n'est pas avec moi qu'il faut parler de ça. Moi je suis sur le terrain, un point c'est tout.
"Je vais jouer contre Lille, pas contre Hazard"
- Vous êtes relégables mais possédez la cinquième meilleure défense de Ligue 1. Votre association avec Nemanja Pejcinovic semble déterminante...
On s'entend très bien avec "Neman", qui est un super mec en dehors du terrain. C'est un vrai professionnel et on se ressemble beaucoup. On a tous les deux envie de progresser, d'en faire davantage. Parfois ca marche, parfois c'est plus délicat, comme samedi (le Serbe est sorti sur blessure en 1ère période, dlr). Après, la 5e meilleure défense, ce n'est pas grâce à nous, mais à toute l'équipe. Comme je dis souvent, quand les milieux font un bon match, les quatre défenseurs font un bon match, ça va de paire.
- Comment expliquez-vous les sifflets des supporters envers Fabrice Abriel ?
Fabrice est un joueur de renom, qui a été champion de France avec l'OM. On en attend toujours plus de ces joueurs qui débarquent avec un palmarès dans leurs bagages. Surtout les supporters qui lui mettent une grosse pression. A l'image de l'équipe, il alterne le bon et le moins bon mais Fabrice a une grosse personnalité, il va rebondir j'en suis certain.
- Vous vous déplacez, mercredi, sur la pelouse du champion de France en titre. Craignez-vous un joueur comme Eden Hazard ?
Moi je me prépare pour jouer face à Lille, pas face à Hazard. Il y a d'autres joueurs comme Florent Balmont qui fait tourner l'équipe. Il y a aussi Joe Cole, Dimitri Payet, Moussa Sow... On se prépare bien et on va chez eux avec une grande humilité.
- Alejandro Sabella, le sélectionneur de l'Argentine, a souvent fait appel a des joueurs inconnus du grand public. Vous arrive-t-il de penser à l'équipe nationale ?
Oui c'est sûr, on me pose souvent la question. Pour moi c'est un rêve que de défendre les couleurs argentines. Je sais que le prochain match des éliminatoires est dans six mois et que le sélectionneur va avoir le temps de regarder des matches en Europe, superviser des joueurs. Peut-être a-t-il prévu de venir à Nice pour voir Fabio Monzon et moi... En même temps, c'est toujours difficile de se faire remarquer dans un club qui ne joue pas la Ligue des champions. Si on joue les premiers rôles avec Nice, pourquoi pas moi, c'est vrai.
"J'avais ma place à l'OM"
- Quel est votre sentiment sur les mauvaises passes de vos compatriotes Lucho Gonzalez à l'OM et Javier Pastore au PSG ?
Ce sont tous les deux des très grands joueurs qui ont été achetés très cher. Surtout Javier, le plus gros achat de l'histoire du championnat de France. Lucho a déjà beaucoup donné à l'OM mais quand les résultats ne sont pas là c'est toujours les joueurs phares que l'on critique car ils ont plus de responsabilités. Je suis sûr qu'il vont s'en sortir après la trêve. Les supporters leur en demandent beaucoup car ils savent qu'il peuvent faire mieux. Si les supporters savaient qu'ils n'étaient pas bons il ne leur demanderaient rien, non ?
- Avec du recul, avez-vous des regrets sur votre départ de l'OM ? Pensiez-vous pouvoir vous y imposer ?
Des regrets, non. Mais il est certain que je pense que j'avais ma place là -bas. On se rend compte une nouvelle fois que ce ne sont pas les joueurs, ni les supporters qui décident, mais les gens derrière leurs bureaux... En 2009-2010, un nouvel entraîneur et un nouveau président (Didier Deschamps et Jean-Claude Dassier, ndlr) ont débarqué et m'ont fait comprendre qu'on ne voulait plus de moi, c'est dommage. Mais finalement ils ont peut-être eu raison car ils ont gagné cinq titres dans la foulée ! Je n'ai aucun regret et quand je retourne à Marseille je suis toujours bien accueilli par les supporters. Voilà ce que je veux garder de l'OM, ce sont eux mes meilleurs souvenirs.
- Voilà trois saisons que vous êtes chez les Aiglons, avez-vous envie de connaître autre chose que Nice ?
Pas autre chose que Nice, mais autre chose que le championnat français. Je suis bien à Nice mais le seul problème que j'ai, comme tous les joueurs, c'est que j'en ai marre de jouer le maintien. Il faut à tout prix viser plus haut. Sincèrement si j'avais pu jouer le haut du tableau avec Nice, j'aurais été au paradis, avec le nouveau stade qui arrive en plus... Mais parfois c'est vrai que je me pose la question. J'ai du sang italien et un passeport italien et c'est surtout la Série A qui me fait envie. Mais bon, ce n'est pas un rêve non plus, mon rêve c'est de jouer au football. La seule chose qui me manque, c'est peut-être de jouer à River Plate, club dont je suis supporter depuis mon enfance.
- Un mot sur l'arrivée de Trezeguet à River...
C'est une très bonne chose pour le club. Après tout il est Argentin, même si vous le considérez comme un Français (rires) ! Il a reçu un formidable accueil de la part des Borrachos (nom des supporters de River). Mais bon, comme partout, s'il marque, les fans seront contents mais si il met cinq matches à trouver le chemin des filets, ça va gronder.
Propos recueillis par Mehdi OUMELLAL
Football.fr