A 24 ans, Georges Ba n'a pas voulu laisser passer sa chance de jouer en Ligue 1. La révélation de Besançon en National (15 buts) est arrivé hier après-midi à Nice pour signer un contrat de trois ans avec le Gym.
Quand on s'appelle Georges Ba, que l'on est Africain, grand, puissant et avant-centre, difficile d'échapper au rapprochement avec un ancien buteur illustre, nommé George Weah.
« Mister Georges », c'est ainsi que les fans et les journalistes de Besançon ont surnommé le meilleur réalisateur (15 buts) du promu en Ligue 2. Flatteur ! Mais Georges Ba, lui, a encore tout une histoire à écrire. La sienne, qui a pris un virage important avec la signature d'un contrat de trois ans en faveur de l'OGC Nice.
Aussitôt descendu de l'avion, l'international ivoirien s'est rendu, hier après-midi, au siège de l'OGC Nice, accompagné de son agent, Pierre Canton. Accueilli par Maurice Cohen et Roger Ricort, Georges Ba est devenu officiellement niçois (un contrat de trois ans), prenant de vitesse Sochaux, dont le président, Hugues Plessis, tentait encore hier par téléphone de convaincre l'attaquant libre de rester dans le Doubs.
« Sochaux me proposait de jouer encore une saison à Besançon, avant de m'intégrer dans son effectif. J'ai préféré le discours niçois. A 24 ans, je crois qu'il est temps pour moi de tenter ma chance, même si je sais que ce sera un challenge difficile et que j'ai encore à apprendre », dit Georges Ba, garçon affable, ouvert et encore neuf dans le monde du football pro.
Son premier contrat d'un an, il l'a en effet signé... la saison dernière, pour Besançon. Où il s'est imposé comme la révélation du championnat. Avant, Georges n'avait connu que les équipes de jeunes à Tours, puis la CFA, et son rythme de trois entraînements hebdomadaires. Remarqué dans les rangs de Saint-Gratien (région parisienne) lors de la saison 2001-2002, il est invité à un essai par Besançon, qui joue en amical contre Gueugnon. A l'arrivée, les Forgerons font aussi le forcing pour obtenir sa signature !
Georges Ba opte bien pour Besançon, où l'ex-international Stéphane Paille, le coach, fut un coéquipier de son agent sous le maillot sochalien... « Stéphane Paille m'a énormément apporté, note George Ba. Il a été un avant-centre de haut niveau, lui aussi avec un jeu physique. Il m'a donné beaucoup de ficelles, sans oublier d'insister sur les gammes, celles que l'on apprend dans les centres de formation, un univers que je n'ai pas connu ».
Six maillots déchirés !
Quand il est arrivé en France à l'âge de 11 ans, en provenance d'Abidjan, Georges Ba suivait simplement son père, médecin neurologue, venu terminer son agrégation à Tours. Depuis, Papa Ba est retourné au pays (où il mène de pair une carrière politique) et Georges, une fois son bac S en poche, s'est mis en tête d'aboutir son rêve de footballeur. « Si je n'ai pas été remarqué plus tôt, c'est peutêtre que le foot représentait d'abord un amusement pour moi. Dans un sens, je n'avais pas besoin du ballon pour vivre. Je n'étais pas, alors, suffisamment impliqué ».
Sur ses quinze buts à Besançon, Ba en a inscrit la moitié de la tête. Aux dires des observateurs, il était, au niveau du National, un « monstre » de puissance, difficile à arrêter une fois lancé et habile à jouer en pivot et en remise. Une anecdote: les défenseurs de National, à la traîne, lui ont déchiré la bagatelle de six maillots en une saison...
« J'ai beaucoup hésité avant de quitter Besançon, pour moi c'est un peu un arrachement, note le joueur. J'étais bien là bas et je me sens redevable envers Stéphane Paille. Je vais l'appeler, j'espère qu'il me comprendra. A 24 ans, j'ai pensé que c'était le moment pour tenter le grand saut. Il y a un an, j'étais un inconnu, et aujourd'hui, je me dis que je n'ai pas le droit de rater cette opportunité de connaître l'élite ».
Un beau pari. Pour lui, comme pour Nice. A l'image d'Everson, qui venait de D3 allemande, ou de Serge Dié, son coéquipier de la sélection ivoirienne (en provenance de Série C italienne), Georges Ba va s'échiner à sauter les étapes, sans se brûler les ailes.
Dans l'immédiat, il va prendre du repos (pas de sélection ivoirienne avec Robert Nouzaret, donc) pour soigner une déchirure à la cuisse réveillée contre Cannes, lors de la dernière journée.
Kaba Diawara probable partant, la succession sera compliquée à assumer, mais il sait que Gernot Rohr lui donnera sa chance. « J'étais chez moi, un soir à Besançon, quand M. Rohr m'a appelé de lui-même. Ça m'a fait plaisir. Sa démarche montrait qu'il me voulait vraiment ».
C'est devant sa télévision que le coach avait découvert Georges Ba, un jour de Besançon-PSG en Coupe de France, sous la neige. Le temps est venu pour l'Ivoirien de se faire une place au soleil.
Georges Ba.
Né le 21 janvier 1979 à Abidjan.
Ivoirien naturalisé français.
1,86 m, 85 kg.
Clubs : Tours (CFA),
Sannois-St-Gratien (CFA, 2001-2002),
Besançon (National, 2002-2003).
International ivoirien (1 sélection, Côte d'Ivoire - Cameroun en février dernier).
François PATURLE.
© Nice-Matin